Dépêchons-nous

L’impératrice Maria Theresia aurait dit un jour à son secrétaire permanent Johann, Baron de Bartenstein: „Si dans un an et demi, nous n’aurons toujours pas de nouvelles de notre ambassadeur en Espagne, nous serons obligés de déléguer quelqu’un sur place“. C’était à Vienne, au milieu du 18. siècle. Un an et demi pour un échange de correspondance!
Cela me paraissait inimaginable au milieu du 20. siècle, quand je travaillais chez Polymetron à Glattbrugg. Un autre rythme était alors de mise. „Réponses aux lettres dans la même semaine“ et „Le courrier doit voyager quand le commerçant dort“. La correspondance du jour devait être déposée à la poste tous les soirs.
Dans la pratique chez Polymetron on disposait de quelques jours pour un échange de lettres, le temps de réflexion nécessaire pour répondre à une demande, provenant p.ex. du Danemark, de façon compétente.
Aujourd’hui, 3 générations plus tard, Frédéric Favre démarre son PC dès qu’il s’installe à son bureau. Trente-sept secondes après, son écran est submergé d’une multitude de messages. Alors qu’il survole les premiers courriels – il n’y a plus de lettres de nos jours – d’autres messages nouveaux arrivent. Le travail est cadencé par le débit du courrier électronique. Fini le temps où on disposait d’un an et demi ou même d’une semaine pour traiter les informations. Tout est conditionné par le stress quotidien du monde actif.
Aujourd’hui tout doit sortir immédiatement. Immédiatement veut dire immédiatement. Dépêchons-nous! Dépêchons-nous!
Les coutumes du traitement de la correspondance commerciale ont évolué et Favre en sait quelque chose. Passé les temps où le coursier à cheval parcourait les campagnes. Passé les temps où la lettre était emballée et affranchie. Du passé tout ça.
De nos jours, notre message met exactement une seconde pour arriver à Canberra (Australie). Voici le progrès d’aujourd’hui: le traitement électronique des données. L’expéditeur, dans notre cas Per Pederson au Danemark, s’attend à une réponse immédiate. Seulement: Frédéric Favre n’est pas au courant. Peut-être que Alice Astre peut l’aider puisqu’il s’agit de TVA. Alice ne dispose pas de temps en ce moment et informe Frédéric par écrit que l’expert en la matière est Claude Charrière du service de trésorerie. Entre-temps, un deuxième message du Danemark sort de l’imprimante. Pederson a immédiatement besoin d’une réponse compétente. Il s’agit d’une commande importante. Enfin la solution arrive; Fabrice Fournier s’y connaît, il a été mis au courant par Claude Charrière. Les instructions nécessaires furent transmises à Per Pederson, également par message électronique. Désormais Per peut se remettre au travail au Danemark.
Et ça continue. Dépêchons-nous! Frédéric Favre maltraite le clavier de son PC pour réduire la montagne d’obligations qui s’est accumulée.
A cinq heures et demie la journée de travail est finie. Le PC est arrêté. Les collègues rentrent à la maison. Frédéric Favre s’apprête à monter dans sa voiture Opel Kadett quand il voit Olivier Odier ouvrir sa Renault R4. Odier est un camarade de service militaire de Favre. „Salut Olivier, je ne savais pas que toi aussi tu gagnes ton pain quotidien chez nous.“ „Voilà Frédéric Favre, on ne s’est pas vu depuis longtemps. Toi aussi tu travailles ici?“ L’entreprise n’est pas très grande, peut-être 60 employés. Les deux camarades y travaillent depuis un certain temps. C’est la première fois qu’ils se rencontrent, sur le parking en rentrant chez eux.
C’était le bon vieux temps quand on „allait au kilomètre“. Une expression courante chez Roche à Bâle, il y a quelques décennies. Elle signifiait qu’on quittait son poste de travail pour questionner un collègue dans un autre bâtiment. Pour camoufler cette sortie on se chargeait de quelques dossiers. Sur chaque kilomètre on résolvait un problème. Eric Emonet était particulièrement doué pour le kilomètre. Il connaissait beaucoup de monde dans la société. Puisqu’il n’était non seulement un fêtard de carnaval reconnu mais aussi un expert en football compétant. Eric aimait ces courses. Revenant au laboratoire, il amenait plein de nouvelles. Des suggestions pour nos synthèses de carotine. En passant, il avait décroché quelques documents pour le chef. Avec le souffleur de verre Gusti Grob il s’est entretenu longuement sur le dernier match de football. De bonnes relations avec le souffleur de verre étaient précieuses. Elles devaient être entretenues et soignées. Bien trop souvent un récipient en verre était cassé au laboratoire. Toujours celui dont on avait le plus besoin. C’est là que les bonnes relations avec l’atelier de verrerie étaient payantes. Cette fois il avait bavardé un peu plus longtemps avec Romaine Rossique. Romaine n’était pas seulement une belle demoiselle – à cette époque on pouvait encore les nommer ainsi – elle occupait aussi le poste de chef du standard téléphonique. Emonet avait toujours un petit flacon d’acétate d’éthyle dans sa poche pour ces dames. Ce produit est plus efficace que tout dissolvant de vernis à ongles. En contrepartie, elle n’hésitait pas à nous passait une ligne quand nous voulions appeler l’extérieur.
De nos jours, le kilomètre a disparu des bureaux. Un tel passe-temps aux frais du temps de travail est considéré comme gaspillage. Il réduit la productivité. Carrément un péché mortel économique. Tout doit s’exécuter rapidement, efficacement et prendre peu de temps. Surtout pas de temps mort. Dépêchons-nous! Dépêchons-nous! Presque tout le travail se fait depuis le poste de travail. Chaque collaborateur est joignable par e-mail et internet. L’humain, le collaborateur, est une pièce mécanique d’une machine parfaitement huilée. C’est la machine, en fait l’organisation gestionnaire de la société, qui a capturé Fréderic Favre comme un poulpe à huit bras, par l’intermédiaire d’un logiciel habilement conçu. Quel progrès!
Il y a quelques semaines, j’ai été invité à une fête de doctorat. Toute l’intelligentsia était présente. On se rencontrait autour de tables hautes et échangeait des informations. Philippe Peyrot est graphologue. Il m’a expliqué qu’il n’avait pratiquement plus de travail. Les jeunes n’écriraient plus rien à la main. La base de son métier, établir des rapports graphologiques, appartient au passé. Les jeunes gens ne seraient à peine capables de rédiger une petite note en écriture personnelle. Tout se ferait par Tablette et Laptop. Après la rédaction d’une demi-page A4 à la main, ils auraient une crampe dans l’avant-bras et ne pourraient pas continuer. C’était une nouveauté pour moi. J’étais impressionné par ce changement structurel de notre société. Et il y avait mieux; Philippe connaissait une histoire de Silicon-Valley, lieu de naissance de l’ordinateur et de l’intelligence artificielle. Elle traitait exactement l’inverse.
Le propriétaire d’une entreprise de logiciels à Santa Barbara County ne supportait plus que ses collaborateurs se cachaient derrière les écrans de leurs Laptops pendant la conversation. Lors de la réunion suivante, le chef faisait cadeau d’un carnet de notes en moleskine aux participants. Chacun portant le nom du destinataire en lettres d’or. „A partir d’aujourd’hui“ annonçait-il „je souhaite ne plus voir d’appareils électroniques lors de nos réunions. Je vous prie de prendre des notes à la main. Ainsi j’espère obtenir un accroissement de notre créativité.“ Personne ne soufflait mot. Aucune trace d’enthousiasme. Pas d’objection non plus. Il faut faire ce que veut le chef.
Après quelques difficultés de démarrage, tout le monde pouvait constater que le flux des informations entre les collègues circulait de mieux en mieux et que les résultats de l’entreprise s’amélioraient. On a découvert un dogme qui est connu depuis longtemps, mais tombé dans l’oubli. Pour un bon échange de vues, l’être humain a besoin d’un contact personnel avec le partenaire. Les mots seuls ne suffisent pas. Le ton vocal, les gestes, le langage du corps sont des parties importantes d’un entretien. Initialement, les éléments de la communication moderne par PC et téléphone mobile ont été conçus seulement pour retenir des pensées et des idées. Il est naturel que ces machines aient évolué et servent aujourd’hui à une multitude d’applications.
Au fond il n’y pas de différence entre écrire au stylet sur une ardoise, au crayon sur une feuille de papier, au stylobille dans un carnet de notes, dicter un texte ou coller des fiches post-it jaunes sur le réfrigérateur. Il s’agit toujours de retenir une pensée pour stocker du savoir.
De nos jours, le PC sait tout faire. Ecrire des lettres, voir la télévision, consulter Wikipedia, savourer un livre audio, jouer aux jeux stratégiques, écouter de la musique, regarder des films et bien plus encore. C’est un problème espace/temps. Avant l’arrivée de la calculatrice on se déplaçait. A la bibliothèque pour consulter un lexique. Dans la chambre d’enfants pour jouer au Monopoly. Au salon pour voir les dernières nouvelles. Au bureau pour lire le journal et résoudre un sudoku. Aujourd’hui, toutes ces activités se pratiquent sans se lever de la chaise.
Voilà qui est nouveau.
Désormais, plus personne n’est lié à un lieu fixe pour exécuter des taches. N’importe que ce soit depuis son domicile, son bureau, la piscine ou les chemins de fer. De partout on peut lire le courrier et le traiter. Plus de „aller au kilomètre“.
Si une nouveauté apparaît, on constate toujours deux effets. Le manque d’expérience et la production de déchets. Lors de l’automatisation du tissage au 17ème siècle, il y avait un grand malaise à cause du manque d’expérience en traitant la nouveauté. Et les déchets, surtout des chiffons, servaient à fabriquer du papier. C’était le coup d’envoi pour l’imprimerie. Ce qui lançait le développement la communication de masse. Un bouleversement social gigantesque.
Avec le progrès réussi de l’utilisation des ordinateurs dans la vie quotidienne, nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation de bouleversement similaire. Par manque d’expérience, les moyens nouveaux de communication nous mettent mal à l’aise. De nos jours aussi, il y a des déchets: la quantité énorme d’informations dont il est impossible d’examiner et de traiter le contenu. Ces déchets vont-ils créer une nouvelle industrie comme dans le cas de l’imprimerie? Je suis persuadé que quelque chose va se développer. Qu’est-ce que ça sera? C’est plus difficile à dire. D’abord il y aura une grande perte de temps, ce qui représente également un déchet. Le temps passé sur Google, Netfix ou YouTube doit enfin être exploité de façon positive et utile. Se dépêcher serait un mauvais conseil dans ce cas. Cela prendra du temps, mais ce changement d’attitude viendra.
Ce seront les personnalités dirigeantes qui créeront les innovations nécessaires. Parents, enseignants, dirigeants, entrepreneurs. Ils arriveront à recycler les déchets. Ils veilleront à ce que le temps soit employé utilement. Le téléphone portable, par exemple, sera rétrogradé à sa fonction d’outil normal du quotidien. Tout comme aujourd’hui la cuisinière ou l’aspirateur.

Le résultat restant est une énorme amélioration de l’efficacité. Ainsi la pression de la course contre la montre diminuera. Plus de trace de dépêchement. Employer le temps judicieusement. Nous n’allons quand même pas retourner jusqu’à Maria Theresia.

Un peu plus de temps de réflexion avant de commencer à écrire, ce serait souhaitable.

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Vin


Il y a quelques années, j’étais invité à une dégustation de vin par une banque suisse. Cet établissement financier voulait soutenir un de ces clients cavistes. Dans ce but il a organisé une dégustation de vin comme cadeau de fidélité pour ses autres bons clients. Le banquier appelait ça une situation gagnante-gagnante. Nous-autres clients normaux étions ainsi attirés, via un détour déguisé, à une vente de vins rouges français. Le caviste français, par ailleurs un bon client de la banque, profitait de cette occasion pour montrer ses capacités.
C’était un vendredi soir. Tous les hôtes avaient suivi l’invitation d’humeur détendue. Nombreux étaient ceux qui se connaissaient grâce à des événements similaires. D’autres trouvaient facilement des contacts.
Nous nous réunissions dans une auberge rurale confortable près de Rapperswil. La petite salle annexe du restaurant était préparée pour notre rencontre. Nous disposions de ce local typique de tout restaurant des années septante. Le fournisseur des vins, dont j’ai oublié le nom, a transformé cette salle en local de dégustation. Manifestement il cherchait à impressionner les français, les clients si importants de la banque. Les tables étaient décorées de fleurs. Des prospectus traînaient partout comme oubliés par hasard. Ils renseignaient sur le nom, la qualité et le prix de la marchandise proposée. Une forme très discrète de marketing. De grandes photographies de la Bourgogne garnissaient les parois. Tout était prêt pour la présentation solennelle. On se croyait en France. L’apparence noble des marchands de vin donnait la dernière touche à l’ambiance. Ils se sont mêlés habilement aux hôtes et les abordaient aisément. Nous avions à faire à des professionnels expérimentés. Loin d’eux l’intention de vendre quelque chose, signalait leur comportement. Il ne s’agissait uniquement de procurer à la Suisse la culture française du vin. Qu’ils fassent partie du plus haut de la branche allait de soi. On n’étouffait pas de modestie.
Les professionnels du vin de Bourgogne faisaient de leur mieux pour converser avec les visiteurs qui ne parlaient que l’allemand, souvent même que le zurichois.
Parmi la trentaine d’invités se trouvaient aussi trois suisses de l’ouest du pays. Plus exactement trois genevois qui ont atterri à Zürich. Les genevois sont réputés pour leur connaissance des vins de Bourgogne. C’est du moins ce que j’ai entendu dire par eux-mêmes quand ils s’en vantaient au service militaire que j’ai accompli avec eux à Payerne. Lorsqu’on abordait la connaissance du vin, sujet dont j’ignore tout, j’avais toujours la même excuse: „En tant que petit-fils d’un vigneron valaisan je ne connais qu’un seul vin. Celui que nous produisons en pressant les raisins de notre propre vignoble!“
En espérant d’apprendre un peu plus sur les vins et leur manipulation, j’ai rejoint les participants francophones. Les genevois étaient des hommes simples. Ils aimaient vivre et travailler en Suisse alémanique. Non seulement en Romandie mais aussi chez nous, les genevois sont réputés de tendre à monopoliser la conversation. Ce que les trois confrères ne manquaient pas de faire.
Ici en Suisse alémanique, pour des romands quasiment à l’étranger, ils ont eu plus de mal à apparaître comme grands orateurs. Ils n’ont pas toujours réussi à s’approprier la conversation auprès des suisses alémaniques. Ainsi ils étaient contents aujourd’hui de faire pétiller leur langue maternelle, même en petit groupe. Grâce à ma connaissance linguistique j’ai été accepté dans le groupe.
Monsieur Légeret avait quitté Genève il y a vingt ans. Il habite et travaille à Zürich. Mais n’a pas oublié sa provenance, la ville de Genève. Il se comporte en suisse romand soigné. Son langage élégant et sa tenue de bon goût complètent les signes de sa provenance. Tiré à quatre épingles, un peu trop gros, il sait se mettre en valeur comme il faut. Avant même d’avoir consommé la moindre goutte de vin – on servait de l’eau minérale en apéritif pour ménager le palais en prévision du repas – monsieur Légeret se présentait déjà en connaisseur de vin. Il nous a montré une petite carte en plastique qui qualifiait tous les domaines vinicoles français. Cette aide de la taille d’une carte de crédit soulignait sa compétence en tant qu’amateur de vin. Avec ses manières affectées il aurait fait bonne figure comme caviste dans un prospectus.
Le deuxième membre du groupe, monsieur de Rivaz, représente une compagnie d’assurance de Winterthur, où il réside. Lui aussi un authentique genevois, un peu plus distingué, moins bruyant. Sa chevelure noire de jais – serait-elle teintée? – ses yeux foncés et sa moustache soignée témoignent d’un caractère autoritaire qui a l’habitude de donner des instructions. Dans un film il serait accepté aisément dans le rôle de Hercule Poirot.
Le troisième du groupe, monsieur Chassot, donnait une impression calme, intellectuelle. Une apparence discrète. Il parlait peu et seulement si on le questionnait. Mais quand il s’exprimait, c’était d’une façon très soignée. Comme s’il citait Molière. Le contraire de ce qu’on appelle un salonnard. Réservé, presque dédaigneux, il rejoignait le groupe des romands. Toutefois il n’avait pas l’air d’être tout-à-fait à l’aise. Bizarrement, il possédait cette particularité qui attire les humains. En l’approchant je me sentais tout de suite à l’aise et en sécurité.
Ainsi nous étions les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas qui étaient d’ailleurs également quatre.
Après quelques verres de vin nous étions devenus une ronde conviviale. Nous nous appelions „quartier latin“ ou „île francophone“ de Zürich. Au mécontentement des vendeurs de vin nous ne traitions pas l’événement avec le sérieux nécessaire. On pardonnait notre comportement parce que nous parlions la langue maternelle de l’entreprise vinicole. Nous ne pouvions pas nous empêcher de nous moquer des termes techniques des dégustateurs. En français, bien entendu. Contrairement à nous, les suisses alémaniques prenaient cette éducation vinicole très au sérieux. Nous ignorions généreusement les regards punitifs des élèves modèles. Ce comportement ne témoignait pas d’une éducation exemplaire mais apportait un certain piment à l’événement. Nous étions le sel dans la soupe.
Cinq sortes de vin rouge furent présentées. Le prix par bouteille se situait entre 21 et 130 francs suisses. Chaque participant se trouvait devant cinq verres alignés. Avant la première gorgée et la première appréciation on nous a enseigné la façon correcte de déguster du vin. Nous avons fait connaissance avec l’anatomie de la cavité buccale et du nasopharynx avec ses nerfs de goût et d’odeur. Et surtout nous avons appris un vocabulaire tout nouveau. Le vin est-il clair, brillant ou pâle? Serait-il trouble, laiteux, floconneux ou nuageux? Par le nez on peut déceler si le vin est jeune, propre, mûr ou acide. Une fois en bouche, on identifie la structure, le goût et le corps du vin. Il doit être équilibré et avoir une bonne sortie. Beaucoup trop compliqué pour un profane! Ou le vin me plaît ou ne me plaît pas.
Avec cette affirmation je me retrouvais avec les trois genevois contre moi. Du vin n’est pas du vin. Du vin est de la culture. Le vin a un statut culturel. Le vin doit être goûté soigneusement. Boire du vin est un rituel. Il faut agiter le verre en le tournant, le nez étant un meilleur organe de jugement que la bouche. Il faut le boire bruyamment. Le vin doit rouler sur la langue. „Ainsi je peux reconnaître non seulement le millésime mais aussi la situation du château“ annonçait monsieur Légeret. Devant autant de savoir je me sentais assez solitaire, stupide même.
Me voilà tenté par une espièglerie. Le bon vin aidant, l’ambiance s’échauffait. Entre-temps, les cinq verres étaient remplis de cinq vins bourguignons différents. Ils étaient toujours alignés. A gauche le moins cher, à l’extrémité droite le plus coûteux.
A un moment d’inattention j’ai échangé deux verres du connaisseur genevois Légeret. Maintenant, le vin le plus cher se trouvait à gauche et le moins cher à droite. D’abord j’ai laissé s’évoluer les débats sur l’odeur et le goût. Quand les joutes verbales se calmaient, j’ai prié monsieur Légeret, le connaisseur de vin, de revérifier les deux vins les plus extrêmes. Soi-disant parce que je doutais que la grande différence de prix soit justifiée. Cela mettait Légeret en position. Suivant le rituel professionnel, agiter, goûter, cracher, son jugement fut clair et net. Le meilleur vin est et reste celui à l’extrémité droite! Je voulais garder mon échange au secret. Apparemment, monsieur Chassot avait remarqué ma mesquinerie. En joueur sportif il souriait et me faisait discrètement un clin d’œil.
Pour ma part, la blague m’a servi de leçon. L’argument le plus important lors du choix d’un bon cru est sans doute le prix, l’étiquette attirante et le commentaire d’un expert auto-proclamé.
Nous avons passé encore quelque temps à picoler aux frais de notre hôte viticulteur. En réussissant à garder le secret de la tromperie subie par monsieur Légeret jusqu’à la fin de la joyeuse réunion.
Sur le chemin du retour j’ai revécu l’événement dans ma mémoire. C’est l’emballage qui compte. Un dogme qui  est valable dans beaucoup de domaines de notre vie.

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Wein

Vor einigen Jahren war ich von einer Schweizerbank zu einer Weindegustation eingeladen. Das Geldinstitut hatte sich für die Unterstützung einer seiner Kunden im Weingeschäft entschlossen. Sie organisierten dafür als Treuegeschenk für ihre anderen guten Kunden eine Weinprobe. Die Banker nannten das eine echte Win-Win-Situation. Wir, als normale Bankkunden wurden so, auf einem getarnten Umweg, zu einem Verkaufsanlass in französischen Rotweinen gelockt.  Der französische Weinbauer, auch ein guter Kunde der Bank anderseits, kam zu einer Gelegenheit zu zeigen was er konnte.
Es war an einem Freitagabend. Alle Gäste waren in entspannter Stimmung der Einladung gefolgt. Viele kannten sich schon von früheren ähnlichen Anlässen. Andere fanden leicht Kontakt.
In einem gemütlichen Landgasthof in der Nähe von Rapperswil fanden wir zusammen. Für den Anlass war das hintere Sälchen der Gastwirtschaft vorbereitet. Diese, für jede Wirtschaft typische Räumlichkeiten im Stil der Siebzigerjahre, stand zur Verfügung. Der Lieferant der Weine, seinen Namen habe ich vergessen, hatte diese Gaststube in ein Probelokal seiner Kellerei im Burgund umgewandelt. Offensichtlich wollten die Franzosen, bei den so wichtigen Kunden der Bank, Eindruck schinden. Die Tische waren mit Blumen geschmückt. Prospekte lagen wie zufällig liegen gelassen, überall herum. Sie gaben Auskunft über Namen, Qualität und Preis der angebotenen Ware. Eine sehr diskrete Form von Marketing. Grosse Farbfotos des Burgunds und des Weinguts schmückten die Wände. Alles war für den feierlichen Anlass bereit. Wir wähnten uns in Frankreich. Das noble Auftreten der Weinhändler gab dem Ganzen den letzten Schliff. Gewandt hatten sie sich unter die Gäste gemischt. Mit ihnen ins Gespräch zu kommen meisterten sie mit Leichtigkeit. Wir hatten es mit erfahrenen Verkaufsprofis zutun. Uns etwas zu verkaufen lag ihnen fern, wurde vermeldet. Es ging lediglich darum, die französische Kultur des Weingenusses in die Schweiz zu bringen. Dass sie zur obersten Liga ihrer Branche gehörten war ohnehin klar. Man erstickte nicht in Bescheidenheit.
Die Weinprofis aus dem Burgund taten ihr bestes mit den nur deutsch, meistens sogar nur zürichdeutsch sprechenden Besucher, zurechtzukommen.
Unter den etwa dreissig Geladenen befanden sich auch drei Westschweizer. Genauer drei Genfer, die es nach Zürich verschlagen hatte. Genfer haben den Ruf sehr viel von Burgunderweinen zu verstehen. So wenigstens hörte ich sie über sich selbst rühmen, als ich noch mit ihnen in Payerne meinen Militärdienst absolvierte. Wenn Weinkenntnis zur Sprache kam, von dem ich keine Ahnung habe, hatte ich immer die gleiche Ausrede parat: «Als Enkel eines Walliser Weinbauern kenne ich nur einen Wein. Jener den wir aus unseren Reben selbst gekeltert haben!»
In der Hoffnung etwas mehr über Weine und deren Handhabung kennen zu lernen, schloss ich mich den französisch sprechenden an. Die Genfer waren unkomplizierte Männer. Es machte ihnen Spass, in der deutschen Schweiz zu arbeiten und zu leben. Nicht nur in der Romandie, auch bei uns, sind Genfer dafür bekannt, gerne das grosse Wort zu führen. Das unterliessen die drei in die deutsche Schweiz verschlagenen auch nicht.
Hier in der deutschen Schweiz, für Welsche eigentlich im Ausland, hatten sie etwas mehr Mühe als grosse Redner aufzutreten. Es gelang ihnen nicht immer, das Gespräch bei den Deutschschweizern an sich zu reissen. So waren sie froh heute, wenn auch in einer kleinen Gruppe, ihre Muttersprache sprudeln zu lassen. Ich wurde dank meiner Sprachkenntniss in der Gruppe aufgenommen.
Herr Légeret hatte Genf schon vor zwanzig Jahren verlassen. Er arbeitet und wohnt in Zürich. Seine Herkunft, die Stadt Genf, hat er nicht vergessen. Er markiert den gepflegten Westschweizer. Die elegante Sprache und die geschmackvolle Kleidung, vervollständigten die Signale seiner Abstammung. Wie aus dem Ei gepellt, etwas übergewichtig, versteht er es famos, sich in Szene zu setzen. Schon bevor wir einen Tropfen Wein getrunken hatten, zum Aperitif wurde Mineralwasser serviert, um dem Gaumen für die Verköstigung rein zu halten, trat Herr Légeret als Weinkenner auf. Er zeigte uns ein Plastikkärtchen, auf dem die Qualität aller französischen Weingüter benotet waren. Dieser kreditkartengrosse Spick unterstrich seine Expertise als Weinliebhaber. Mit seinem ganzen Gehabe hätte er ausgezeichnet als Kellermeister in einen Weinprospekt gepasst.
Der Zweite, Herr de Rivaz vertritt eine Versicherung aus Winterthur, wo er auch Wohnsitz hat. Auch er ein echter Genfer, etwas distinguierter, weniger lauthals sein Auftritt. Sein pechschwarzes Haar – ist es wohl gefärbt? – seine dunklen Augen und sein äusserst sorgfältig gepflegte Schnurrbart zeugen von einem autoritären Charakter, der es gewohnt ist, Anweisungen zu erteilen. In einem Film von Agatha Christie ginge er fraglos als Hercule Poirot durch.
Der Dritte im Bunde, Herr Chassot, machte einen stillen, intellektuellen Eindruck. Alles an ihm war unauffällig. Er sprach wenig und nur, wenn er gefragt wurde. Wenn er aber etwas sagte, dann war es sehr gepflegt. Es könnte ein Zitat von Molière gewesen sein. Das Gegenteil von dem was man ein Salonlöwe nennt. Zurückhaltend, leicht abweisend sogar, gesellte er sich zur welschen Gruppe. Ganz wohl schien er sich in seiner Haut nicht zu fühlen. Eigenartigerweise hatte er das besondere Etwas, dass Menschen sich von ihm angezogen fühlen. In seiner Umgebung fühlte ich mich sofort wohl und geborgen.
So waren wir die drei Musketiere von Alexandre Dumas, die in Wirklichkeit ja auch vier sind.
Nach ein paar Gläsern Wein boten wir eine fröhliche Runde. «Un quartier latin» eine «französischsprechende Insel» in Zürich, wie wir uns nannten. Zum Missvergnügen der Weinverkäufer brachten wir dem Anlass nicht die notwendige Seriosität entgegen. Man verzieh uns unser Benehmen, weil wir uns in der Muttersprache der Weinfirma unterhielten. Wir konnten uns nicht zurückhalten. Wir mussten uns über die Fachausdrücke der Degusteure mokieren. Auf Französisch versteht sich. Die Deutschschweizer nahmen den Weinunterricht, im Gegensatz zu uns, tierisch ernst. Die strafenden Blicke dieser Musterschüler wehrten wir mit süffisanter Ignoranz ab. Das zeugte nicht gerade von guter Erziehung, gab dem Anlass immerhin eine gewisse Würze. Wir waren das Salz in der Suppe.
Fünf Sorten roten Weins wurden präsentiert. Der Preis pro Flasche lag zwischen 21 und 130 Schweizerfranken. Jeder Teilnehmer hatte fünf Gläser vor sich aufgereiht stehen.
Vor dem ersten Schluck und damit zur ersten Begutachtung wurden wir darüber unterrichtet wie ein Wein richtig gekostet wir. Wir lernten die Anatomie der Mundhöhle und des Nasenrachenraums mit den dort befindlichen Geschmacks- und Geruchsnerven kennen. Vor allem wurde uns ein völlig neues Vokabular unterrichtet. Ist der Wein klar, glanzklar oder hell? Ist er etwa trüb, milchig, flockig oder wolkig? Mit der Nase kann man erkennen ob der Wein jung, sauber, reif oder säurebetont ist. Einmal im Mund wird Struktur, Geschmack und Körper des Weines erkannt. Er muss ausgeglichen sein und einen guten Abgang haben. Viel zu kompliziert für einen Laien! Entweder mundet mir der Wein oder er mundet nicht.

Mit dieser Aussage hatte ich alle drei Genfer gegen mich. Wein ist nicht Wein. Wein ist Kultur. Wein hat Kultusstatus. Wein muss sorgfältig gekostet werden. Wein trinken ist ein Ritual. Das Glas muss geschwenkt werden, die Nase ist das bessere Organ beim Beurteilen als der Mund. Schlürfen muss man den Wein. Der Wein muss über die Zunge rollen. «So kann ich nicht nur den Jahrgang, sondern auch die Lage des Châteaus erkennen», meinte Herr Légeret.  Mit so viel Wissen übergossen stand ich ziemlich einsam, ja blöde da.
Da stachelte mich der Schalk. Mit des Weines Hochgenuss stieg die Stimmung. Inzwischen waren alle fünf Gläser mit fünf verschiedenen Burgunder gefüllt. Sie standen immer noch in Reih und Glied. Links der Preisgünstigste im Angebot, ganz rechts der Teuerste.
In einem unbeobachteten Augenblick wechselte ich zwei Gläser des Genfer Weinkenners Légeret aus. Links stand jetzt die teuerste Sorte, rechts die Billigste. Vorerst liess ich den Debatten über Geruch und Geschmack der Weine weiter  ihren Lauf. Als sich die Wortgefechte etwas legten, forderte ich Herrn Légeret den Weinkenner auf, noch einmal die beiden extremsten Weine zu überprüfen. Ich sei eigentlich nicht überzeugt, ob sich der grosse Preisunterschied rechtfertige. Das versetzte Légeret in Positur. Nach fachmännischem Ritual, schwenken, schmecken, ausspucken, war sein Urteil klar. Der beste Wein ist und bleibt der Wein im Glas ganz rechts! Die feige Auswechselaktion wollte ich für mich behalten. Herr Chassot hatte meine Gemeinheit offenbar bemerkt. Als sportlicher Spieler schmunzelt er wortlos hinüber und kniff sein linkes Auge zu.
Für mich war der Ulk eine Lehre. Das wichtigste Argument bei der Wahl eines guten Tropfens ist zweifelsohne immer der Preis, die geschmackvolle Etikette und der professionelle Kommentar eines selbsternannten Experten.
Wir becherten noch eine geraume Weile auf Kosten der gastgebenden Winzer. Es gelang, bis zum Ausklang des fröhlichen Zusammenseins, die Irreführung von Herrn Légerets geheim zu halten.
Auf dem Heimweg ging es mir noch einmal durch den Kopf. Auf die Verpackung kommt es an. Dieser Lehrsatz gilt für viele Bereiche unseres Lebens.

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Kulissenblick

Kaum ist das Neue Jahr da, sind die Festivitäten abgeschlossen, die guten Vorsätze formuliert, packt mich die Lust, meinen Freundinnen welche zuverlässig meine Berichte lesen, einen Blick hinter die Kulissen zu ermöglichen.

Immer und immer wieder werde ich gefragt: « Wie entstehen Deine Kolumnen? Wie kommst Du zu neuen Themen?». Natürlich entsteht die Sache im Kopf und begleitet mich Tag und Nacht. Besonders morgens im Bett, kurz vor dem Aufstehen, surren Ideen wie Irrlichter, chaotisch durch meinen Schädel. Dieser freiwillige Zwang, jeden Monat etwas auf meiner Website zu publizieren, verursacht einen sanften Druck. Wie ein Gespenst, das mich verfolgt hält er mich wach. Aufnahmebereit überall nach Begebenheiten Ausschau zu halten, die etwas hergeben könnten. Egal wo, meine Antennen sind stehts auf Empfang. Im Tram, im Zug, in der Stadt, im Restaurant auf einen Bekannten wartend und wie schon gesagt, sehr oft im Bett. Immer bin ich auf Pirsch und scanne mit offenen Ohren das Umfeld nach Stoffen, nach Ereignissen ab. Vieles, sehr vieles wird verworfen. Kommt mir nicht einmal mehr richtig zum Bewusstsein. Mit der Zeit hat sich in meinem Aufnahmesinn ein Filter eingerichtet. Er lässt nur ganz wenig durch. Dieser Überrest ist dann der Rohstoff für die weitere Arbeit.

Beim Einschlafen oder beim Aufwachen, in diesem Metazustand zwischen Traum und Realität, erinnere ich mich an eine Belanglosigkeit des Alltags. Einem Selbstläufer gleich, entwickelt sich der Gedanke zu einer wahren oder auch erfundenen Geschichte. Sie lässt mich nicht mehr los. Dann plötzlich heureka, ich hab’s. Das gibt etwas für den nächsten Monat her.

Gedanken gehen so schnell verloren. Lösen sich auf wie der Rauch aus der Tabakpfeife. Verschwinden auf Nimmerwiedersehen!
Spätestens jetzt ist straffe Disziplin gefragt. Wenn ich die wilden Gedanken in meinem Hirn nicht sofort, augenblicklich, festhalte und bändige, sind sie fort für immer. Früher, noch wenig erfahren, probierte ich mit «Ja nicht vergessen, gelegentlich aufschreiben» meine undisziplinierte Faulheit zu überlisten. Das geht so nicht. Jetzt blitzartig alles aufschreiben, ausführlich aufschreiben. Stichworte und Notizbruchstücke genügen nicht. Entweder ich schreibe ausführlich alles schnell und so vollständig wie möglich nieder oder alles löst sich wieder in blaue Luft auf. Bei diesem ersten schriftlichen Festhalten geht es noch nicht um korrekte Orthographie und schönen Stil. Der Inhalt muss gebannt sein. Wie der Geist in der Flasche. Ausschmücken und schön scheiben kann warten. Bloss nicht vergessen die Flasche zu verkorken, damit der Geist nicht den Weg ins Freie, ins Nirwana findet.

Neben Disziplin spielt Organisation eine zweite, nicht unwichtige Rolle. In meinem Haushalt gibt es eine Allgegenwart von Notizpapier und Schreibstiften, Bleistiften, Farbstiften, Reklamekugelschreibern. Überall liegen diese Werkzeuge herum und sind immer sofort auffindbar. Die Gedanken kommen in den unerwartesten Situationen. Beim Suppenkochen, im Garten, beim Zähneputzen, beim Staubsaugen, beim arbeiten am PC, am Schreibtisch, in meiner besonders beliebten Leseecke. Überall liegen Schreibutensilien herum und warten geduldig darauf, in den unmöglichsten Konstellationen gebraucht zu werden. Unter der Dusche hängt eine kleine Schiefertafel mit einem Kreidestift. Unterwegs begleitet mich immer mein Notizbuch.

Von Hand werden die Gedanken – schon ziemlich druckreif – eiligst hingeschrieben.

Aus allen diesen Gedankensplittern – sie werden regelmässig ins Notizbuch übertragen – entwickelt sich ein Wachstumsprozess. Wie eine Tulpe aus der Zwiebel, spriesst eine Geschichte hervor. Die lässt mich nicht mehr los. Auf einmal finde ich die gesamte Disposition, logisch und klar, fein säuberlich lesbar, in meinem Notizbuch wieder. Nur fehlen noch der erste Satz und der letzte Satz. Ganz wichtig! Von diesen beiden Phrasen wird die Geschichte quasi eingerahmt.  Sind erster und letzter Satz geboren, sitzen sie wirklich, bilden sie die Einfassung in dem der restliche Text, beinahe von allein, eingefügt wird. Wie bei einem Hefeteig lasse ich den Text ein paar Tagen liegen. Im übertragenden Sinn: Der Text muss aufgehen, reifen. Das geht bei der Schreiberei natürlich nicht von selbst. Jetzt kommt der Feinschliff. Wenn dieser nach einigen Tagen abgeschlossen ist, geht das Manuskript auf reisen. Nach Paris.

Dort nimmt mein Freund Hans Rhyn, ein begnadeterer Übersetzer, meinen Text in die Zange. Hans gehört nicht zu jenen Übersetzern, die Wort für Wort das Deutsche in die Sprache Voltaires transponieren. Ihm gelingt es die Stimmung, welche in der Kolumne liegt, zu erfassen und ins Französische zu übertragen. Das ist eine weitere anspruchsvolle, geistige Leistung. Das ist viel mehr als über-setzen. Es ist eine zweite redaktionelle Bearbeitung. Eine anspruchsvolle Verfeinerung des Ganzen. Diese Arbeit in Frankreich hat wieder Rückwirkungen auf meinen deutschen Text in der Schweiz. Auf meinen Urtext.

Bei der Bearbeitung des Manuskriptes in einem französischen, gallischen Hirn, kommen deutsche Ungereimtheiten klar und ungeschminkt an den Tag. Auf der Rückreise des französischen Textes nach Gossau, wird auch mein deutsches Geschreibsel mitgeliefert.

Sofort wird zuerst der französische Text gelesen, genossen. Stets bin ich überrascht, wie meine Gedanken aufs Schönste verpackt, in der französischen Version elegant gekleidet daherkommen. Kokett wie ein junges welsches Mädchen. Danach widme ich mich den Anregungen, Korrekturen und Hinweisen im deutschen Manuskript. Nachdem diese Unebenheiten ausgeglichen sind, liegen die Schriftstücke für die Publikation bereit. Die noch notwendige folgende Arbeit ist Routine. Kopieren auf die Webseite. Die Formatierung anpassen. Eventuelle erläuternde Bilder einfügen. Den Erscheinungstermin festlegen. Die Kolumne ist im Kasten.

Für mich der Moment eine Pfeife anzuzünden. Zufrieden ein Glas guten Roten zu geniessen. Gute Arbeit setzt gutes Teamwork voraus. So sieht es hinter den Kulissen einer Kolumnenproduktion aus.

Kulissenblick

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Coulisses


Le nouvel an ayant commencé, les festivités étant terminées, les bonnes intentions formulées, je ressens l’envie d’offrir à mes amies, lectrices fidèles de mes rapports, un coup d’œil derrière les coulisses.

Encore et encore on me pose les questions: „Comment naissent tes chroniques? Comment trouves-tu des sujets nouveaux?“. Les thèmes surviennent naturellement dans ma tête et me poursuivent jour et nuit. Particulièrement au réveil, avant de me lever, les idées s’agitent dans ma tête comme des feux follets. L’obligation facultative de publier chaque mois une rubrique dans mon site Web, crée une douce pression. Elle me tient éveillé comme un fantôme qui me persécute. Je suis toujours réceptif à tout événement qui pourrait m’inspirer. Peu importe le lieu, mes antennes se trouvent en permanence sur réception. Dans le tramway, le train, en ville, au restaurant en attendant un ami et, je le répète, souvent au lit. Toujours à l’affût, les oreilles grandes ouvertes, je guette les événements dans l’environnement. Une grande, très grande partie est rejetée. Ne pénètre même pas vraiment ma conscience. Avec le temps, un filtre s’est installé dans mon sens d’enregistrement. Il ne laisse passer que peu de choses. Ce résidu devient la matière première du travail ultérieur.

En m’endormant ou me réveillant, dans cet état intermédiaire entre rêve et réalité, je me souviens d’une futilité du quotidien. Telle qu’une évidence autonome, l’idée évolue vers une histoire vraie ou inventée. Qui ne me quitte plus. Puis soudainement EUREKA, JE L’AI TROUVE. Voilà un sujet pour le mois prochain.

Les pensées se perdent si facilement. Se volatilisent comme la fumée de la pipe. Disparaissent à jamais!

Désormais une discipline stricte s’impose. Si je ne domine pas immédiatement les pensées fantaisistes de mon cerveau, elles partent pour toujours. Autrefois, avec peu d’expérience, j’ai essayé de tromper ma paresse indisciplinée par „A ne pas oublier, noter à l’occasion“. Ce n’est pas possible. Il faut donc tout écrire immédiatement, écrire en détail. Des mots-clés et des fragments de notes ne suffisent pas. J’ai le choix de tout écrire rapidement et aussi détaillé que possible ou de risquer que tout se volatilise de nouveau. Dans ce stade il ne s’agit pas de soigner l’orthographie ni le style. C’est le contenu qui doit être retenu. Comme le génie dans la bouteille. L’enjolivement et la belle écriture peuvent attendre. Penser à bien boucher la bouteille pour éviter que l’esprit se sauve vers le nirvana.

A côté de la discipline, l’organisation joue un deuxième rôle qui n’est pas sans importance. Dans mon ménage règne l’omniprésence de papier à notes, crayons graphite, crayons de couleur, stylos à publicités. Ces outils traînent partout, toujours à portée de main. Les idées viennent dans les situations le plus inattendues. En préparant la soupe, au jardin, en lavant les dents, en passant l’aspirateur, en face du PC, devant le bureau, dans mon coin de lecture préféré. Des instruments d’écriture se trouvent partout et attendent patiemment d’être utilisés dans les conditions les plus surprenantes. Une petite ardoise et sa craie sont suspendues dans la douche. En me déplaçant je suis toujours accompagné de mon carnet.

Mes pensées – déjà presque publiables – y sont notées rapidement.

Tous ces fragments d’idées – retenus régulièrement dans le carnet – développent un procédé de création. Telle une tulipe surgissant du bulbe, une histoire apparaît. Qui ne me lâche plus. Soudainement je trouve la disposition d’ensemble dans mon carnet, claire et logique, aisément lisible. Il ne manque plus que la première et la dernière phrase. Très important! Ces deux phrases encadrent quasiment l’histoire. Lorsque la première et la dernière phrase sont nées et bien établies, elles forment l’enveloppe qui reçoit le reste du texte, créé presque de soi-même. Je le mets de côté pendant quelques jours comme une pâte levée. Au sens figuré: le texte doit lever, mûrir. Evidemment, en écriture cela ne se fait pas tout seul. Suit alors la touche finale. Après quelques jours, quand il est achevé, le manuscrit part en voyage. A Paris.

Là mon ami Hans Rhyn, un traducteur talentueux, s’occupe de mon texte. Hans ne fait pas partie des traducteurs qui transposent l’allemand mot à mot en la langue de Voltaire. Il réussit à saisir l’ambiance de la chronique et à l’exprimer en français. C’est une autre performance mentale exigeante. En fait, un deuxième effort rédactionnel. Un affinement exigeant de l’ensemble. Ce travail fourni en France produit un effet rétroactif en Suisse, sur mon texte en allemand. Sur mon texte original.

Lors du traitement du manuscrit par un cerveau français, gaulois, des incohérences allemandes apparaissent clairement et sans fard. Le retour à Gossau du texte français est donc accompagné de mon gribouillis allemand.

En premier lieu je lis, me délecte du texte français. Je suis toujours surpris par l’élégance dans laquelle mes pensées se présentent dans la version française. Coquettes comme une jeune fille romande. Ensuite je m’occupe des suggestions, corrections et indications du manuscrit allemand. Une fois ces inégalités éliminées, les documents sont prêts à être publiés. Le travail qui reste relève de la routine. Copier sur le site Web. Adapter la mise en page. Ajouter éventuellement des images explicatives. Fixer la date d’apparition. La chronique est dans la boîte.

Pour moi c’est le moment d’allumer une pipe. De savourer un verre de bon vin rouge. De bons résultats nécessitent du travail d’équipe. Voilà ce qu’il y a derrière les coulisses d’une production de chroniques.

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Gutes Neues Jahr

Viel Glück und Erfolg im Neuen Jahr
Avec mes meilleurs voeux pour une bonne et heureuse année
Felice anno nuovo
Best wishes for a happy and prosperous New Year
Met de beste wensen voor een voorspoedig Nieuwjaar

Sport gehörte bei mir zeit Lebens zu jenen Beschäftigungen, die mir am fernsten liegen. Schon in der Schule war der Turnunterricht die unbeliebteste Lektion im Stundenplan. Beim Zusammenstellen der Mannschaften für den Völkerball, wurde ich immer als Letzter gewählt. Im Spiel wurde ich als Erster abgeschossen. Im Hinterfeld musste ich in die Ecke herumstehen. Bloss keinen Ball berühren. Ich würde ihn sowieso nur verlieren. «Du bist kein Sportler» wurde das persönliche Logo, mit dem ich gross geworden bin.
So kommt es, dass noch heute Sport, ob aktiv oder passiv, für mich sehr wenig Bedeutung besitzt.
Trotzdem wage ich, in meinem diesjährigen Brief zum Jahresende über Tennis zu schreiben. Als guter Schweizer einerseits und absoluter Sportmuffel anderseits, sind die aussergewöhnlichen Leistungen von Roger Federer nicht spurlos an mir vorbeigezogen. Für mich ist Roger Federer in erster Linie der beste Botschafter, den die Schweiz je hatte. Mit seinem athletischen Talent hat er nicht nur dem Tennissport eine neue Bedeutung gegeben. Er hat die Schweiz, dieses kleine Land auf dem Globus, in der ganzen Welt bekannt gemacht. Manch ein Ausländer hat durch Roger erfahren, dass es Switzerland überhaupt gibt.
Kommt noch dazu, dass Federer nicht nur ein Tennisass ist – wer schafft es schon, über zwei Jahrzehnte an der Weltspitze dabei zu sein – sondern er ist darüber hinaus eine grosse Persönlichkeit. Ein Gentleman, un Monsieur. Immer höflich, sportlich, ausgeglichen, mit Contenance. Ein Mann mit einer besonders starken Ausstrahlung. Gleichgültig ob er im Center Court spielt, an einem Empfang auftritt, mit Ballbuben Pizza isst, ein Interview gibt oder in Süd Afrika sich mittellosen Kindern widmet, er ist immer eine Person, der man Achtung und Bewunderung entgegenbringt.
Ein Vorbild für viele, auch für mich. Ganz besonders beeindruckt mich, wie gelassen er mit Siegen und Niederlagen umgeht. Er lässt sich nicht von Niederlagen und Rückschlagen entmutigen. Das Leben eines jeden Menschen besteht aus Erfolg und Misserfolg, aus Freuden und Kummer, aus schönen und trüben Zeiten, aus Ups and Downs.
Von Roger lernt man, wie man beim Siegen bescheiden bleibt und die Leistungen des Gegners würdigt. Bei Niederlagen, wie man sachlich festhält, dass der andere besser ist. Seine Zuversicht, morgen wieder den Sieg zu suchen, macht Federer zu dem Mann, der stets das Positive sieht. Hier findet meine Bewunderung für ihn den Höhepunkt, das ist sein Markenzeichen. Nicht lange der Vergangenheit nachtrauern. «Schaue nach vorn!» Die Zukunft voller positiven Möglichkeiten sehen. Im Hier und Jetzt das Beste erkennen. Bereit sein dafür, dass nichts ohne Risiko geht. Riskieren wollen, dass etwas misslingen könnte.
Roger ist ein grosses Vorbild. Wir, die normalen Bürger müssen uns mit dem Kleinen zufrieden geben. Wir können ihm höchstens im Kleinen nacheifern. Es sind die kleinen Dinge, die das Leben zur Freude machen. So zum Beispiel ein weiches Ei zum Frühstück. Oder ein gutes Gespräch mit einem Freund. Eine gemütliche Velotour zu dritt. Ein frisches Bier an einem Sommerabend. Damit werden wir uns bewusst: Wir leben in der besten aller Welten.

Die Schweiz gehört zu den wohlhabendsten, wettbewerbsfähigsten, sichersten und stabilsten Länder der Welt. Kaum irgendwo sonst haben die Bewohner Grund zufriedener zu sein, als hier.

Ein neues Jahr beginnt. Für 2019 wünsche ich allen eine gute Zeit. Liebe Leserin, lieber Leser, haben Sie auch im nächsten Jahr viel Freude in unserem Land. Lassen Sie ein bisschen Vorbild von der ältesten Nummer eins im Welttennis, von Roger Federer in Ihren privaten Kosmos einfliessen.
Mögen die 365 Tage, die es für uns bereithält, Humor, Lebensfreude und positives Denken bringen.

Ein frohes und glückliches Neues Jahr!
Bliibud gsund und nämeds nit zschwär!


De toute ma vie, le sport a fait partie des activités qui me sont étrangères. Déjà à l’école, les cours de gym furent les moins aimés de mon horaire scolaire. Lors de la composition des équipes pour jouer au ballon prisonnier, j’étais toujours le dernier sélectionné. En jouant, le premier éliminé. Je traînais dans l’arrière-plan. Surtout ne pas toucher le ballon. De toute façon je le perdrais. „Tu n’es pas un sportif“ fut le jugement qui m’accompagna pendant toute ma jeunesse.
Ceci fait que, encore aujourd’hui, le sport actif ou passif a peu d’importance dans ma vie.
Malgré cela j’ose me référer au tennis dans cette lettre de fin d’année. En tant que bon Suisse d’une part et ignorant absolu en sport d’autre part, je ne peux pas méconnaître les performances extraordinaires de Roger Federer. Selon moi, Roger Federer est le meilleur ambassadeur que la Suisse n’a jamais eu. Par son talent athlétique il n’a pas seulement donné une nouvelle dimension au tennis. Il a aussi fait connaître la Suisse, ce petit pays sur le globe, dans le monde entier. Certains étrangers n’ont appris que grâce à Roger que Switzerland existe.
Il s’y ajoute que Federer n’est pas seulement un as du tennis – qui d’autre a réussi à faire partie de la pointe mondiale pendant deux décennies – mais en plus une grande personnalité. Un monsieur, un gentleman. Toujours poli, sportif, pondéré, avec contenance. Un homme doté d’un charisme exceptionnel. Qu’il joue sur le Center Court, apparaît dans une réception, mange de la pizza avec les ramasseurs de balles, accorde une interview ou s’occupe des enfants démunis en Afrique du sud, il est partout la personne qu’on respecte et admire.
Un modèle pour beaucoup de gens, dont moi-même. Je suis particulièrement impressionné par sa façon calme et placide de gérer les victoires et les défaites. Il ne se laisse pas décourager par des échecs et des revers. La vie de tout être humain comporte des succès et revers, des joies et des peines, de bons et de mauvais moments, des hauts et des bas.
Roger nous apprend comment on reste modeste lorsqu’on gagne et respecte les performances de l’adversaire. En cas d’échec, comment on constate objectivement que l’adversaire est meilleur. Sa confiance, qui l’incite à rechercher la victoire à nouveau le lendemain, en fait de Federer cet homme qui voit toujours l’aspect positif des choses. Voilà ce qui fait mon admiration atteindre son sommet, c’est son image de marque. Ne pas perdre du temps à regretter le passé. „Regarde vers l’avant!“ Voir l’avenir plein de possibilités positives. Repérer ici et maintenant ce qu’il y a de mieux. Accepter que rien ne peut se faire sans risque. Vouloir prendre des décisions qui risquent d’échouer.
Roger est un grand modèle. Nous-autres, bourgeois normaux, devons nous contenter de dimensions plus modestes. Nous ne pouvons l’imiter qu’à petite échelle. Ce sont les petites choses qui embellissent notre vie. Un œuf à la coque au petit déjeuner. Une conversation intéressante avec un ami. Un tour en vélo à trois. Une bière fraîche un soir d’été. Ainsi nous réalisons: nous vivons dans le meilleur des mondes.

La Suisse fait partie des pays les plus prospères, compétitifs, sûrs et stables du monde. Il n’y a guère de pays dont les habitants peuvent être plus satisfaits que nous.

Une année nouvelle commence. Je souhaite à tous de passer du bon temps en 2019. Chère lectrice, cher lecteur, continuez l’année prochaine à vivre heureux dans notre pays. Laissez-vous influencer dans votre vie privée par le modèle de Roger Federer, le numéro un le plus âgé du tennis mondial.
Que les 365 jours qui nous attendent vous procurent de la joie de vivre, de l’humour et un esprit positif.

Bonne et heureuse nouvelle année!
Restez en bonne santé et ne vous faites pas trop de soucis.


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Smartphone

 

Wer kennt nicht dieses bekannte alltägliche Bild? Arbeitsverkehr in der S-Bahn nach Zürich. Beinahe alle Sitzplätze sind besetzt. Alle Fahrgäste, ausnahmslos alle, starren in Ihr Mobiltelefon. Kaum ein Wort wird gewechselt. Stille wie im Gottesdienst. In meinem Kopf erwachen schon die Vorurteile vieler Pessimisten. «Keinen Kontakt mehr mit dem Nächsten. Totale Abkapselung. Die Menschheit versinkt in die Einsamkeit. Zur Hölle mit diesen modernen Teufelsmaschinen.» Darunter ist das allgegenwärtige Handy zu verstehen. Die wenigsten sind sich bewusst, was für ein Wunderwerk der Technik dieser Kleincomputer ist. Die Astronauten von Apollo 11, als sie vor bald 50 Jahren den Mond eroberten, hatten weit weniger leistungsfähige Elektronenrechner an Bord. Dies nur nebenbei.
Zurück zur S-Bahn. Könnten die Betätigungen der Pendler nicht auch so sein? Der graumelierte Herr liest die elektronische Version der Neuen Zürcher Zeitung. Die etwas ältliche Jumpfer neben ihm, wird von Ereignissen des Alten Roms in ihren Bann gezogen. Sie könnte «Ben Hur» lesen. Der junge Mann vis-à-vis muss ein Lehrling sein, der noch rasch seine französischen Hausaufgaben erledigt. Während die andere Dame im anderen Abteil vergnügt ein Hörbuch – vielleicht «Goethe: Die Leiden des Jungen Werthers.» – geniesst. Der Herr ihr gegenüber muss ein Ingenieur sein. Wahrscheinlich in einer Führungsposition. Er versucht aus einem Handbuch für Unternehmensführung einige Tipps für seinen Job herauszufiltern. Und dann ist da noch die Dame von der Goldküste. Sie beansprucht mit ihrem Schosshündchen und ihren Taschen beide Plätze auf der Sitzbank. Auch sie, von ihrem Mobiltelefon fasziniert, muss in einem Modejournal blättern.
Das könnte ja alles so sein. Ist es aber auch wirklich so? Im Zeitalter der gläsernen Menschen, der Menschen die ihr ganzes Wesen mit all ihren Freuden und Sorgen in den sozialen Medien wie Facebook & Co ausbreiten, hüten hier in der S-Bahn ihre Privatsphäre. Niemand erkennt vom anderen, was er wirklich tut. Hier ist er Mensch. Hier kann er sein.
Vor zehn, fünfzehn Jahren war das noch ganz anders. Auch damals ging jeder seinen persönlichen Neigungen nach. Nur, für den stillen Beobachter war es ein offenes Buch. Der ältere Herr las die Boulevardzeitung «Der Blick». Die ältere Jumpfer war von einem Krimi von Dona Leon gefangen. Der junge Mann war ein Gymnasiast und las Asterix. Die junge Dame ging eine Kalorientabelle für gesunde Lebensmittel durch. Der Manageringenieur hielt verstohlen Lady Chatterly in den Händen. Die Goldküstendame schliesslich, hörte ein Klavierkonzert von Mozart auf ihrem Walkman. 

Im Grunde hat sich gegenüber früher nichts geändert. Nur die Art und Weise, die Technik wie das Dargebotene genossen wird ist neu. Der stille Beobachter sieht heute keine Zeitungen, keine Bücher mehr. Sein Blick fällt nur noch auf ein einfaches Produkt des Medienkonsums, dem Smartphone

 

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Smartphone

 

Qui ne connaît pas cette image quotidienne? Trafic pendulaire dans le train S-Bahn vers Zürich. Presque toutes les places assises sont occupées. Tous les passagers, sans exception, fixent leur téléphone mobile. Pratiquement pas d’échanges de mots. Un silence comme à la messe. Les préjugés des pessimistes me passent par la tête. „Plus de contact avec son proche. Isolation totale. L’humanité tend vers la solitude. Au diable ces appareils modernes diaboliques“. Il s’agit bien sûr du portable omniprésent. Rares sont ceux qui réalisent quelle merveille technologique ce mini-ordinateur représente. Les astronautes d’Apollo 11, quand ils atterrirent sur la lune il y a bientôt 50 ans, ne disposaient que de calculatrices bien moins performants. Ceci soit dit en passant.
Revenons au train S-Bahn. Les occupations des passagers pendulaires ne pourraient-elles pas être différentes? Le monsieur grisonnant lit la version électronique du journal Neue Zürcher Zeitung. A ses côtés, la demoiselle vieillissante est captivée par les événements dans la vieille Rome. Elle pourrait lire „Ben Hur“. Le jeune homme en face doit être un apprenti qui se débarrasse rapidement des devoirs de français. Dans l’autre compartiment, la dame savoure un livre audio – peut-être Goethe: „Les souffrances du jeune Werther“. Le monsieur en face doit être ingénieur. Probablement une situation de cadre. Il essaie d’extraire d’un manuel de gestion d’entreprises quelques tuyaux pour son métier. Enfin il y a la dame de la Côte d’or. Avec son chiot et ses bagages elle occupe les deux places de la banquette. Elle aussi, fascinée par le téléphone mobile, y feuillette un journal de mode.
Tout ça pourrait être réel. Mais est-ce le cas? Dans cette ère des humains transparents qui exposent tout leur être avec ses joies et chagrins aux medias sociaux comme Facebook & Co, ils protègent bien leur sphère privée dans le train S-Bahn. Personne ne sait ce que son proche fait en réalité. Ici il est humain. Ici il peut l’être.
Il y a dix, quinze ans la situation fut tout-à-fait différente. Déjà à cette époque chacun suivait ses penchants personnels. Mais pour l’observateur silencieux c’était un livre ouvert. L’homme d’un certain âge lisait le tabloïde „Der Blick“. La demoiselle vieillissante fut captivée par un roman policier de Dona Leon. Le jeune homme était lycéen et lisait Astérix. La jeune dame examinait un tableau de calories d’aliments sains. L’ingénieur-manager possédait Lady Chatterly en cachette. Enfin, la dame de la Côte d’or écoutait un récital de piano de Mozart par son baladeur.  

Dans le fond, rien n’a changé par rapport au passé. Ce n’est que la manière qui est nouvelle, la technique par laquelle on profite de ce qui nous est offert. Aujourd’hui l’observateur silencieux ne voit plus de journaux ni de livres. Son regard ne trouve plus qu’un simple produit de consommation des medias, le Smartphone.

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Mappe

In Holland gab es keine Schultornister. An meinem ersten Schultag in Den Haag begleitete mich eine kleine Ledermappe. Der einzige Inhalt, ein Schreibetui. Es war ein mit einem Reisverschluss zusammengehaltener Behälter für die üblichen Schreib- und Zeichenutensilien eines Erstklässlers. Sechs Farbstifte, zwei Bleistifte, einen Federnhalter, einen Radiergummi, ein Schächtelchen mit Stahlfedern und ein kleines Lineal. Jeder Schüler hatte –  wir waren nur Knaben, Mädchen sassen in einem anderen Klassenzimmer – am ersten Schultag ein solches Etui. Es gab sie in allen Farben und Grössen. So wie das Auto heute prestigegeladen ist, waren es die Etuis im Klassenzimmer. In Analogie waren vom einfachen VW bis zum teuren Mercedes die verschiedensten Etuis vertreten. Einfache kleine aus dem Warenhaus bis zu den luxuriösen aus der Papeterie. Schon am ersten Schultag lernte ich an Hand der Etuis den einfacheren bürgerlichen Schülern von den Reichen, aus den besitzenden Kreisen kommenden, zu unterscheiden. Unterscheiden nur an Hand der Etuis, welche sie zum ersten Schultag geschenkt bekommen hatten. In der Welt herrschte Krieg. Wir hatten gelernt sparsam mit unseren Sachen umzugehen. Trotzdem lernte ich, am ersten Schultag, dass für nichts anderes so viel Geld ausgegeben wurde, es sei denn für Prestige.
Später, Holland hatte in den vierziger Jahren die Tagesschule bereits erfunden, beherbergte meine kleine Schulmappe zusätzlich noch eine Blechschachtel mit dem Mittagessen. Meistens waren es Butterbrote. In der vierten Klasse kam das Einsteckbuch für gebrauchte Briefmarken hinzu. In den Pausen wurde ein regelrechter Tauschhandel mit Postfrankaturen betrieben. Noch später füllten die Bücher der Leihbibliothek meinen treuen Begleiter auf dem Schulweg. Der Platz in der Mappe wurde immer knapper. Sein Gewicht entsprechend schwerer.
Als unsere Familie, mitten im Krieg nach Leuk-Stadt im Wallis kam, trugen die Schüler Tornister – aus Holz! Es waren aus leichtem Holz gebaute Kistchen, mit einem Klappdeckel verschlossen. Dieser Deckel, mit Scharnieren befestigt, war wie das Dach eines Chalets leicht abgeschrägt und liess sich nach oben öffnen. An der Rückseite der Kiste waren Lederriemen montiert. Die Schulsachen wurden so auf dem Rücken des Schülers transportiert. Der Inhalt war nicht unähnlich dem, was in Holland in die Mappe gehört hatte.
Mit einer Ausnahme. In Leuk benutzte man Schiefertafeln mit Griffeln. Sie dienten als Schreibunterlage für Rechen- und Schreibarbeiten. Mit einem übelriechenden, um nicht zu sagen stinkenden, feuchten Schwamm, wurde das Geschriebene, nach getanem Lehrvorgang wieder weggewischt. Der Schwamm wurde in einem eigens dafür bereitgestelltes, blechenes Schächtelchen geruchfrei versorgt. Am Samstag wurde die Tafel zu Hause in der Küche mit Vim und Wasser geschrubbt bis die Schieferoberfläche vor Sauberkeit strahlte. Montags wurde die geputzte Tafel vom Lehrer inspiziert. So wurden wir zur Reinlichkeit erzogen.
Die Schule, die ich nach dem Krieg besuchte, als wir in Fribourg wohnten, kannte keine Tornister. Die Schüler hatten Schultaschen aus Leder. Zwei grosszügig ausgelegte Fächer waren an der Oberseite miteinander verbunden und konnten aufgeklappt werden. Links die Bücher, rechts die Hefte.
Als Sohn eines Hoteliers zogen wir von Ort zu Ort und von Wohnung zu Wohnung. Der nächste Schulort war Luzern. Hier trugen die Kinder der Unter- und Mittelstufe einen Schulsack. Das war ein eigenartig konstruierter farbiger Tornister. Er diente wie überall der Aufnahme von Pausenbroten und Schreibzeug.
Wir – die Grossen – hatten Mappen. Täglich trugen wir den ganzen Wissenskram von Zuhause zur Schule und zurück. Besonders schwer war die Mappe am Mittwoch. Geographie stand auf dem Stundenplan. Zu dieser Unterrichtsstunde musste das grösste Buch überhaupt, der Atlas, ins Klassenzimmer gefugt werden. 

Später als unsere Töchter zur Schule gingen, gab es in Basel den Schulsack und in Zürich den Thek. Taschen die auf dem Rücken getragen wurden, prall voll mit Arbeitsblättern.
Es ist recht vernünftig Gepäck auf den Rücken zu tragen. Das Gewicht wird gleichmässig am Körper verteilt. Es gibt so kaum Haltungsschäden. Beide Hände sind frei. Seit Menschengedenken wird diese Transporttechnik praktiziert. Wenn ich nicht irre, hatte Ötzi schon einen Rucksack. Unser Rucksack allerdings unterscheidet sich deutlich von Thek. Er wird zum Wandern gebraucht und ruhte die meiste Zeit ungebraucht auf dem Estrich. Der Rucksack hatte auch immer den Geruch des Estrichs. Entweder nach Kampfer. Das gilt für den Haaraff, den Militärrucksack oder er riecht etwas muffig, der Wandersrucksack. Ist letzterer doch ein Gepäckstück zur Aufnahme der Verpflegung für einen ganztägigen Ausflug.
Das alles war einmal. Das alles ist endgültig vorbei.
Heute gibt es mehr Rucksäcke als Menschen. Jedermann hat heute mindestens einen Rucksack. Jedermann trägt heute jeden Tag seinen Rucksack. Der Bankprokurist, früher mit einem Samsonite Köfferchen zur Arbeit gehend, trägt heute einen geschmackvoll zur Kleidung passenden Rucksack. Meistens aus hochwertigem Leder. Die grosse Mehrheit, Schüler, Verkäuferinnen und Angestellte schleppen täglich einen grossen Rucksack aus solidem Stoff mit sich herum. Wenn ich schreibe gross dann meine ich gross, riesig sogar. Er fasst mindestens 40 Liter und verdoppelt die Leibesfülle des Trägers. Diese raumfüllenden Gebinde machen sich vor allem in überfüllten Fahrzeugen des öffentlichen Verkehres, zu den Stosszeiten des Berufsverkehrs, unangenehm bemerkbar. Eine Drehung um 180° des Trägers verursacht eine regelrechte Karambolage und schleudert mindestens drei Personen wieder auf ihre Sitze zurück. «Ums Himmels Willen, was tragen die denn immer mit sich herum?» frage ich mich. Als fleissiger Konsument der S-Bahn ertappe ich mich immer wieder, wie ich gedankenverloren darüber nach sinniere, was da in den vollgepackten Säcken herumgeschleppt wird. Das ist und bleibt ein Geheimnis.
Wie hat doch der alte kleine Schulranzen sich zum heutigen Jedermannsgepäck verändert und wie hat sich sein Inhalt ins Enorme vergrössert.

 

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Serviette

En Hollande il n’y avait pas de cartables d’école. Lors de mon premier jour d’école à Den Haag j’étais accompagné d’une petite serviette en cuir. Avec, comme seul contenu, un coffret d’écriture. Il s’agissait d’un récipient à fermeture éclair, contenant les ustensiles habituels d’écriture et de dessin d’un élève de première classe. Deux crayons, six crayons de couleur, un porte-plume, une gomme, une petite boîte de plumes et une réglette. Chaque écolier (nous étions que des garçons, les filles occupaient une autre salle de classe) possédait un tel étui le premier jour d’école. Il y en avait de toutes les tailles et couleurs. Tout comme les voitures aujourd’hui, les étuis furent un signe de prestige. En comparaison, les étuis présents allaient du genre Volkswagen jusqu’à la coûteuse Mercedes. Du modèle simple de grand magasin jusqu’à la version luxueuse de papeterie spécialisée. Dès le premier jour d’école j’apprenais à distinguer, grâce aux étuis, les écoliers venant de milieux modestes de ceux sortant de la classe possédante. Une distinction fondée seulement sur les étuis qu’ils avaient reçus en cadeau lors du premier jour d’école. Le monde était en guerre. Nous avions appris à traiter nos affaires de façon économe. Malgré cela, j’ai compris dès le premier jour d’école qu’on ne dépensait pour rien d’autre autant d’argent que pour le prestige.
Plus tard, l’école à journée continue ayant été introduite en Hollande depuis les années quarante, ma petite serviette contenait en plus une boîte métallique avec le déjeuner. Généralement des tartines. En quatrième classe, s’y ajoutait l’album de timbres-poste usagés. Pendant les pauses on pratiquait un véritable commerce de troc. Encore plus tard, ce sont les livres de la bibliothèque de prêt qui remplissaient mon fidèle compagnon du chemin de l’école. L’espace dans la serviette était de plus en plus serré. Et en conséquence son poids plus lourd.
Quand notre famille arrivait en pleine guerre à Loèche-Ville dans le Valais, les élèves portaient des paquetages – en bois! C’étaient des petites caisses fabriquées en bois léger, fermées par un couvercle rabattable. Retenu par une charnière, il fut légèrement oblique et s’ouvrait vers le haut. Sur l’arrière il y avait des sangles en cuir. Ainsi les élèves portaient leurs affaires d’école sur le dos. Le contenu était similaire à celui des serviettes en Hollande.
Toutefois avec une exception. À Loèche on utilisait des ardoises avec des styles. Elles servaient de support pour les exercices de calcul et d’écriture. Ces travaux terminées, l’écrit fut effacé à l’aide d’une éponge mouillée malodorante, pour ne pas dire puante. Pourtant, elle était rangée dans sa petite boîte en tôle inodore. Le samedi, l’ardoise fut ramenée à la maison et brossée pour faire reluire sa surface. Le lundi, l’enseignant inspectait l’ardoise nettoyée. Ainsi nous étions éduqués à la propreté.
L’école que je fréquentais après la guerre à Fribourg ne connaissait pas de sacs à dos. Les élèves possédaient des cartables en cuir. Composés de deux parties reliées par le haut, elles pouvaient se déplier pour accéder au contenu. Les livres à gauche, les cahiers à droite.
En tant que fils d’hôtelier je déménageais d’un endroit à l’autre, d’un logement à l’autre. Le lieu d’école suivant était la ville de Lucerne. Ici, les enfants des cycles inférieur et moyen portaient un sac d’école. Un havresac coloré de construction originale. Comme partout, il contenait des en-cas et du matériel d’écriture.
Nous autres – les grands – possédions des serviettes. Tous les jours nous portions tout le tintouin de savoir de la maison à l’école et retour. La serviette était particulièrement lourde les mercredis, jour de géographie. Il fallait trimbaler l’atlas, le plus grand des livres, jusqu’à la salle de classe.
Plus tard, quand nos filles allaient à l’école, il y avait le sac d’école à Bâle et le „Thek“ à Zürich. Des sacs plein de papiers de travail, portés sur le dos.
Il est recommandable de transporter les bagages sur le dos. Le poids est réparti sur l’ensemble du corps. On n’observe guère de déformations liées à la posture. Les deux mains restent libres. Cette technique de transport est pratiquée depuis des temps immémoriaux. Si je ne me trompe pas, déjà Ötzi, l’homme des glaces, disposait d’un sac à dos. Notre sac à dos se distingue nettement du „Thek“. Il sert aux randonnées et se trouve la plupart du temps au grenier, inutilisé. Le sac à dos dégageait toujours une odeur de grenier. Soit de camphre dans le cas du paquetage militaire, soit un relent de renfermé par le sac à dos de randonnées. Ce dernier contenant la nourriture lors des excursions d’une journée.

Tout ça était une fois. Désormais définitivement passé.
Aujourd’hui il y a plus de sacs à dos que d’humains. Tout le monde possède au moins un sac à dos. Chacun porte son sac à dos quotidiennement. Le banquier qui se rendait au travail avec un porte-documents Samsonite, se déplace désormais avec un sac à dos adapté avec goût à ses vêtements. Généralement en cuir de bonne qualité. La grande majorité, les écoliers, vendeuses et employés traînent un grand sac à dos en tissu solide. Par grand j’entends vraiment grand, gigantesque même. Il fait au moins 40 litres et double le volume du porteur. Cet emballage volumineux se fait remarquer désagréablement dans les véhicules des transports en commun pendant les heures de pointe. Une rotation du porteur de 180° provoque un vrai carambolage et projette au moins trois personnes dans les sièges qu’elles venaient de quitter. Je me pose la question „Pour l’amour de Dieu, qu’est-ce qu’ils peuvent donc transporter tout le temps?“. En tant que passager fidèle de la S-Bahn je me surprends souvent en train de me demander ce que ces sacs bien remplis peuvent contenir. Ceci est et reste un mystère.

Quelle mutation que le petit cartable d’école a subi en devenant un bagage courant bien plus volumineux.

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