Dialogue

Un bon dialogue au moment opportun vaut de l’or.
Un dialogue manqué par contre peut faire beaucoup de mal.  

Un exemple vécu aux vacances: avec des amis en route vers le sud. Tout va bien, l’ambiance est bonne. Une seule personne énerve la compagnie. Tout lui est prétexte pour gémir. Il trouve toujours de quoi critiquer. Jusqu’à  ce qu’un des copains ne le supporte plus. Il explose. Le résultat: ambiance fichue, vacances fichues, amitié fichue.
Un autre exemple en entreprise: comme dans toute société d’une certaine taille on y trouve un personnage difficile. C’est un spécialiste. L’établissement a besoin de son savoir. Mais c’est aussi un monsieur je-sais-tout. Sa façon répugnante de tout critiquer est supportée pendant longtemps. Jusqu’à ce que le chef perde sa patience: des cris, remontrances, reproches, expulsion. Et le résultat: cafard, perte d’un professionnel, mauvaise conscience du chef et plus de travail pour les autres.
Un dernier exemple de partenariat: le mariage a vieilli. Le pédantisme à propos de sujets sans importance a été ignoré et supporté pendant des années. Soudainement le vase fut plein. Les plaintes permanentes devenaient insupportables. Tout à coup des reproches mutuels sont échangés. Les assiettes volent, des portes claquent. Le résultat: mariage fichu, confiance perdue, solitude.
Dans les trois cas on ne serait pas forcément arrivé jusque-là si un dialogue avait eu lieu à temps. Pourquoi n’y avait-il pas eu de dialogue? Parce qu’au début la chose n’en valait pas la peine. Parce qu’il s’agissait d’abord d’une bagatelle. C’est avec le temps que l’évènement est devenu une affaire irritante. Finalement il s’est fait un incident insupportable et hautement explosif.
Un dialogue au stade initial aurait sûrement aidé à calmer la situation. Un petit bouton sur la peau s’élimine facilement à ce stade. Un abcès en développement nécessite une intervention chirurgicale. Des entretiens concernant le domaine émotionnel, naturellement sensible, sont généralement désagréables. Il est difficile de mener ces conversations objectivement. Un bon dialogue raccourcit le chemin.
Il faut du courage pour entreprendre une telle dispute. Qui ne serait pas tenté de l’éviter? C’est compréhensible mais risqué. L’entretien pourrait en effet faire plus de mal que de bien.
Ça vaut la peine de chercher le dialogue dans un stade précoce. Calmement et avec des mots pesés. La tension ressentie par tous peut être éliminée. Il évite tout comportement qu’on regretterait plus tard.

Mieux vaut un dialogue, fut-il mal fait, que pas de dialogue du tout.

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Anniversaire

Text zwei Uebersetzer Rhyn 20140830

Franz in Fliegerkombi vor Me 109-F4

 

Capitaine Franz von Werra

Né le 13 juillet 1914, il fut confié à l’âge de 15 mois avec sa sœur Emma, de trois ans son ainée, à des parents nourriciers à Beuron près de Sigmaringen (Hohenzollern). Les deux enfants vécurent donc jusqu’à l’âge adulte auprès de Oswald et Louisa Carl-von Haber. Franz fit carrière comme pilote de chasse pendant la deuxième guerre mondiale en exécutant de nombreuses missions contre la Pologne, la France, l’Angleterre et la Russie. On le surnommait roi de l’évasion des camps de prisonniers anglais. Il est mort le 25 octobre 1941 comme capitaine et décoré de la Croix de Chevalier lors d’un vol de routine au-dessus de la mer du Nord, sans intervention ennemie. Panne de moteur de son Messerschmitt.

Ce récit relate un dialogue entre le pilote de chasse allemand Franz von Werra et son neveu Hans.

Il s’agit d’une fiction détachée de la réalité.

 

 

Hans

Cher oncle Franz, je te présente toutes mes félicitations pour ton anniversaire. Ce jour, 13 juillet 2014, cela fait cent ans que tu as vu le jour dans le Valais, en Suisse, comme fils d’un baron complètement appauvri.

 

Franz

Mon cher Hans, je suis ravi de constater que tu y aies pensé. De mon côté je ne m’en souviens pas. J’ai toujours vécu en Allemagne et passé ma jeunesse avec mes parents nourriciers à Beuron près de Sigmaringen (Hohenzollern) et à Cologne.

Mon premier souvenir date de mon quatrième anniversaire. J’ai reçu un grand cadeau, un poney vrai et vivant. Equipé de selle et de bride. Encadré de papa à ma droite et le palefrenier Ludwig à ma gauche j’ai traversé la cour et les champs moissonnés. Presque chaque jour, sûrement trois fois par semaine j’ai monté ensuite mon petit cheval à travers les bois et les champs avec mon père. Ce fut un grand plaisir. A environ cinq ans et demi j’ai possédé l’art équestre suffisamment pour sortir tout seul sur mon poney. Mes parents biologiques en Suisse ne m’intéressaient pas vraiment. Il a fallu que j’atteigne l’âge presque adulte pour apprendre que papa n’était pas mon père et maman pas ma mère. Je me sentais ressortissant allemand et aimais mes parents nourriciers, surtout mon père, un major prussien. Il était fermement décidé de faire de moi un « gars fier et droit ». Ce qu’il a fait.

 

Hans

Le fait que tu ne te souviennes pas de Loèche s’explique aisément: arrivé à Beuron comme nourrisson de quinze mois, Donaueck était ta maison familiale, Louisa von Haber ta mère et le major Oswald Carl ton père. Tu ne savais rien de ton origine.

A ta naissance tes parents se trouvèrent dans une misère épouvantable. Tu étais le septième enfant et le dernier-né. J’essaie souvent de m’imaginer de ne pas avoir l’argent pour nourrir sa descendance. A cette époque ta sœur ainée Marie-Louise vivait déjà dans la famille de l’organiste et musicien spirituel Ernest von Werra. Egalement en nourrice à Beuron. Sa femme Rosalie von Werra-Molitor avait des contacts avec tes parents nourriciers.

A Loèche on était confronté à une décision extrêmement grave. Avec des conséquences tragiques. Soit les deux cadets seraient confiés à l’orphelinat, soit ils iraient en Allemagne dans une maison de nobles où ils profiteraient d’une éducation conforme à leur état. Deux enfants du baron à l’orphelinat! Inimaginable.

Tes parents étaient mes grands-parents. Je les ai bien connus. Crois-moi, mon oncle, ta mère était une femme magnifique, intelligente et d’une contenance incroyable. « J’ai la nuit pour pleurer » m’a-t-elle confié un jour. La décision inévitable de laisser partir les deux cadets à Beuron leur a fait énormément de peine.

Raconte-mois plus sur ta vie à Beuron s’il te plaît.

 

Franz

Je vécus une jeunesse merveilleuse à Beuron. Le père Oswald m’a laissé beaucoup de liberté. Ce n’était pas le cas de ma grande sœur Charlotte. Notre mère, appelée maman et quelques fois Mamuschka, nous a enseigné l’honorabilité et les bonnes manières. Elle avait une attitude de haute éthique qu’elle nous a transmis. La mère Louisa avait décidé de faire de Lotte une fille de bonne famille et de la préparer pour un mariage convenable. Ce qui signifiait pour Charlotte de devoir étudier, en plus de l’enseignement de l’école, le français, langue de la noblesse et des diplomates. Il fallait potasser l’histoire. Subir des leçons de piano. Contrairement à la mienne, sa liberté était très restreinte. Que dis-je restreinte; Charlotte était jour et nuit sous contrôle et ne pouvait pas s’échapper de cette cage dorée. Jusqu’au jour où elle en avait assez. Elle ne supportait plus le régime sévère de la mère, de tricoter des bas noirs et d’apprendre les vocables incompréhensibles de l’affreuse langue française. Elle voulait se sauver. Fuir cette maison. Entamer une vie indépendante. Elle m’a persuadé de l’accompagner. L’idée me plaisait et nous imaginions un plan. Charlotte était l’élément moteur. Elle avait tout préparé. D’une façon ou d’une autre elle s’était procuré de l’argent. Organisé des provisions et deux bidons de thé.

 

Hans

Continue de raconter. Comment s’est passée la fuite ?

 

Franz

Nous étions vraiment des gamins. Mais Biwi savait planifier. Elle avait consulté un atlas et décidé : « Nous irons à Leverkusen! Nous y serons dans cinq heures ». A cinq heures de l’après-midi la maison était calme. Le premier rendez-vous eut lieu au pavillon du jardin. Lotte y avait caché nos chaussures de marche et un sac à dos. Nous changeâmes nos vêtements et remplirent le sac à dos. Vers les six heures nous partîmes. Au début tout allait bien. Après une heure Lotte proposa une halte. Nous prîmes le dîner. Il se mit à pleuvoir. Nous n’étions pas très bien équipés pour ce changement de temps. Nous trouvâmes abri dans une grange abandonnée. La nuit tomba. Nous n’avions pas de lampe. La pluie diminua. Nous avons dû arriver à Wermelskirchen au milieu de la nuit. Nous avions sous-estimé l’opération « départ pour Leverkusen ». Dans l’immédiat il fallait trouver un abri. L’église de la ville nous paraissait s’y prêter. Hélas, elle était fermée. Nous nous accroupissions vers le mur dans le parvis devant la porte et nous sentions assez perdus. Notre affaire avait mal tourné. Lotte commençait à raisonner. Il vaudrait peut-être mieux de faire demi-tour. Notre échange fut interrompu par le bruit d’une moto avec sidecar. Un policier descendait de sa selle. Il était en train de nous rechercher. Maman avait donné l’alerte. Nous devions monter. Lotte dans le sidecar, moi sur le siège arrière. Le policier a accéléré. C’était formidable que de filer ainsi à travers la campagne. L’air frôle les joues. Je découvris le plaisir du déplacement à grande vitesse. L’amusement était toutefois de courte durée. En descendant je murmurais à l’oreille de Biwi « prépare-toi à un sermon avec des conséquences ! ». A notre étonnement la joie régnait à la maison. On se réjouissait de nous avoir récupéré. Les parents s’étaient fait des reproches et avaient eu peur. On n’a pas beaucoup parlé de cette première fuite complètement ratée. Elle est passée aux oubliettes. J’en ai toutefois tiré la leçon qu’une fuite demande de la réflexion approfondie.

Comme je l’ai déjà fait remarquer je profitais de beaucoup plus de liberté que Lotte. C’est la vie à la ferme qui me procurait la plus grande liberté. Je m’y plaisais, je pouvais m’épanouir. Je devenais de plus en plus habile et entreprenant avec les chevaux. A côté du poney il y avait deux chevaux noirs à l’écurie qui se prêtaient parfaitement à l’équitation. Ils s’appelaient Lili et Lala. Evidemment un grand nombre de chevaux de trait étaient employés pour le travail des champs. J’étais à l’aise dans les écuries. Avec les palefreniers et l’autre personnel j’entretenais de bonnes relations. En équitation je devenais de plus en plus habile et audacieux. De temps à autre je sortais même seul à cheval. Nous deux, le cheval et moi, rentrions en sueur à l’écurie. Je me suis toujours occupé moi-même de mon cheval. Nous formions une unité. Aimions tous les deux la vitesse. Nous jouissions du plaisir partagé de voler à travers les champs. De vivre la vitesse était pour moi un bien précieux. Lorsque je pansais mon cheval et ami après les sorties, il m’est arrivé d’observer avec envie les pies qui planaient avec élégance d’un arbre à l’autre, se posaient sûres d’elles sur les cimes les plus hautes tout en chassant et bavardant entre elles.

La troisième dimension me manquait. Comme je comprenais les envies d’Icare. Comme je pouvais sentir le désir de Leonardo da Vinci de concevoir un objet volant. La vitesse au sol est plaisante, peut même être enivrante. Combien pourrait-elle être belle dans les airs. La vraie liberté de l’homme ne peut exister que s’il domine la troisième dimension.

 

Hans

Mon cher Franz, tu m’as raconté ta vie à l’air libre, à la ferme. Quelle était donc la vie que vous meniez dans la grande villa Donaueck, le siège historique des von Haber?

 

Franz

Tous les après-midi lorsque nous étions réunis tous les quatre à l’heure du thé ou du café dans un coin tranquille du salon dont les fenêtres offraient une large vue sur la vallée, je me sentais parfaitement à l’aise. Si agréablement rassuré. Chez moi. Papa nous parlait souvent de sa vie. De sa maison paternelle à Celle, du vaste parc qui s’étendait jusqu’à la rivière Leine. Un lieu de baignades pour lui et l’oncle Ernest.

Les devoirs d’école nous ont souvent donné l’occasion de l’amener à nous parler d’histoire et de géographie, des sujets dont il savait plus que je n’avais pu apprendre jusqu’à là. L’heure du thé devenait l’heure des narrations. Nous avons conservé ces récits du crépuscule pendant longtemps, même lorsque nous avions « diminué notre espace » en déménageant à la ferme et plus tard à Cologne quand je fréquentais déjà les classes supérieures du lycée.

J’ai vécu des moments exaltants lorsque nos parents faisaient de la musique ensemble. Quand maman sortait son violon et papa l’accompagnait au piano.

A les écouter dans le salon de musique me procurait un plaisir double : les meubles noirs et brillants, le piano à queue, les hauts rayons à livres, le bureau et les fauteuils devant le papier-tenture marron doré, les lourds rideaux rouges autour des fenêtres me restent inoubliables. Encore aujourd’hui je vois la couverture en soie du piano à queue brodée d’hérons dont j’avais ôté presque tous les yeux brillants.

La salle à manger lambrissée de blanc avait aussi un aspect festif. Les angles étaient arrondis par des vitrines garnies de récipients précieux et de cristaux gravés de scènes qui me faisaient rêver. Un grand miroir occupait l’espace entre les fenêtres du sol au plafond. Des chandeliers étaient accrochés aux parois. Ils étaient garnis de petits abat-jour en soie jaune.

Suivait un grand salon. Avec un merveilleux parquet au sol. Les meubles revêtus de brocart avaient des accoudoirs dorés. Des tables d’un brun lumineux aux lignes élégantes étaient des pièces de musée. Aux parois étaient accrochées des peintures sombres de paysages aux larges cadres dorés.

L’enfilade de pièces se terminait par un boudoir charmant aux rembourrages et coussins moelleux. Une terrasse longeait ces pièces dont la vue magnifique sur Beuron et la vallée du Danube impressionnait les visiteurs. La maison comptait quarante-deux pièces. J’en étais fier.

 

Hans

La vie consiste en une suite d’expériences qui peuvent nous servir plus tard.

Une autre question mon oncle. Quelle était en fait le nom de ta sœur, Emma, Charlotte, Lotte, Biwi ou Moritz et Mo ?

 

Franz

Les sobriquets étaient d’usage courant dans notre famille. Moi-même, le petit frère, fus Buschi pour les femmes mais toujours Franz pour papa. Charlotte était l’appellation officielle d’Emma. A l’école et dans la rue elle devenait Lotte. Biwi était une trouvaille de maman.

L’utilisation du nom de garçon Moritz est intéressante. Il était secret et utilisé uniquement entre nous. Nous deux seulement. Personne ne devait savoir et surtout ne pas s’en servir.

Dans le fond Lotte était du genre à activité physique. Elle aimait le sport et, comme moi, la vitesse. Ce qui ne correspondait pas du tout au concept d’éducation de maman. Elle voulait faire de Lotte une dame du monde. Le sport et encore plus la conduite automobile n’étaient pas des occupations pour des filles respectables. Lotte vivait en relation avec son corps. Habillée d’un maillot de bain elle aimait bouger à l’air libre, jouer et faire de la gymnastique. Elle adorait les bons sportifs. Nous avons souvent assisté, plus en cachette que autorisés, à des évènements sportifs et observions les athlètes. Le polo, l’escrime et la natation avaient notre préférence. C’est ainsi qu’elle rencontrait un jour Moritz Handrick. C’était un super-sportif. Un vrai Adonis. Il s’entraînait pour le Pentathlon. Lotte était éperdue de bonheur. Elle savait tout de lui. Elle admirait son corps athlétique. Il était son idéal, le sportif tout court, un héros !

J’allais mieux le connaître plus tard à l’école de sport et aussi comme pilote de l’armée de l’air.

A l’olympiade 1936 à Berlin il a décroché la médaille d’or. Une vraie performance. Sacré Moritz !

Lotte tenait un journal intime. Elle y collait toutes les images qu’elle pouvait trouver dans les illustrés et les journaux de sport. Elle suivait sa carrière à la radio. Connaissait tous ses résultats en natation, escrime, tir, équitation et course à pied.

A cette époque papa était déjà malade à mourir. Lotte était enthousiasmée de Moritz. J’étais le seul à être dans la confidence. Nous avions un secret en commun. Il m’offrait l’occasion de me moquer de son entichement. C’est à partir de là que je l’appelais souvent Moritz. Les surnoms devenaient une sorte de lien spirituel qui nous réunissait et nous protégeait des évènements déplaisants dans la famille Carl. La famille Carl s’était brisée dans le chaos des sentiments. Nous n’avions plus que nous deux. Ainsi je décidais de nous appeler désormais Moritz ou Mo et Buschi. A la mort de papa en automne 1933 nous restions seuls, dévoués l’un pour l’autre.

 

Hans

Tu es devenu célèbre dans notre famille lorsque Emma s’est déplacée à Loèche et nous a parlé de toi. Qu’est-ce-qui t’a incité à quitter l’Allemagne et de filer en Amérique ?

 

Franz

Cher Hans, tu ne peux pas t’imaginer dans quel gâchis s’était embourbé l’Allemagne. Tout comme notre famille. Le peuple s’appauvrissait. Misère et faim à perte de vue. La république de Weimar n’avait pas d’autorité politique. J’en avais assez de l’Allemagne. J’avais assez de ma famille qui ne l’était même pas et me couvrait de pieux mensonges. J’avais assez de la vie dans la misère. J’avais assez de l’Europe. Je voulais me sauver ! L’Amérique était le pays de la plus grande liberté de chaque citoyen. C’est là que je voulais aller. C’est là que je voulais refaire ma vie. Construire une vie à mon goût.

 

Hans

Et finalement tout s’est passé autrement. Après trois mois et demi passés comme passager clandestin tu te retrouvais à Hambourg sans jamais avoir mis le pied sur le sol américain. Retour à la case départ !

 

Franz

Mon cher neveu, j’étais réduit à néant. Je ne voulais plus retourner au lycée. Après Noël 1932 j’appris que Moritz et papa voulaient se marier. J’étais complètement seul. Pas de famille. En discorde avec maman et papa. Mo aussi n’était plus avec moi.

L’année suivante était mon année-catastrophe. L’année où tu es né et Hitler a pris le pouvoir. Je survivais grâce à des travaux occasionnels. Il n’y avait pas beaucoup à gagner. L’Allemagne était économiquement et politiquement par terre. Chômage, appauvrissement et un gouvernement incompétent sans aucune ligne de conduite. Une classe moyenne tombée dans la misère. Beaucoup désiraient le retour de l’empereur. L’Allemagne avait besoin d’un nouveau chef. Quelqu’un qui prendrait le pouvoir et nous sortirait de la boue. Je me sentais plus pitoyable que jamais. Ni avant ni après. J’avais 18 ans. Je ne possédais rien. Pas de vraie formation, pas de liaison, pas de diplôme, pas de relations, pas d’argent, pas de vrais amis, pas de chez-moi. Rien ! Je me débrouillais tant bien que mal. Un soir, j’avais marre de l’apitoiement sur moi-même. Je me suis ressaisi. Je m’inscris à l’école de sport de Hamm en Westphalie. Je voulais devenir enseignant de sport militaire et visais une carrière d’officier de l’armée. Ceci fait, je retrouvais ma volonté de vivre. Ce fut vraiment la seule possibilité de sortir de la situation économique impossible. Je ressentais une motivation formidable. J’ai réussi l’examen d’admission à l’école de sport. C’était le départ d’une carrière militaire. Enfin j’avais un but : rejoindre l’armée et l’arme la plus moderne, l’aviation. Cela a réussi. J’ai également passé avec succès l’admission dans l’aviation. J’étais désormais soldat. C’était au début de l’année 1934. L’année de crise 33 est effacée de ma mémoire.

 

Hans

Pour Emma aussi, une vie toute nouvelle commençait à cette même époque.

 

Franz

Oui. Gravement malade de la vésicule biliaire, papa est décédé vers la fin de 1933. Moritz et moi avons aménagé ensemble à Dortmund. Mais j’étais rarement avec elle. La formation de pilote et officier prenait de longues années de service avec peu de permissions. Pendant cette période de formation militaire Mo était mon soutien moral et financier. Nous ne nous sommes pas beaucoup vus mais avions des échanges écrits fréquents. Presque une lettre par semaine. Sans Mo je ne serais jamais devenu officier. De plus, les premières années sous Hitler ont apporté travail et prospérité. Nous avons à nouveau été pris au sérieux comme nation industrielle. On sentait le vent tourner vers un avenir comme au temps de l’empereur. Je flairais un futur prometteur. Cette guerre ne pouvait pas durer très longtemps. Puis viendra la paix et le départ pour de nouveaux rivages !

Mo avait un emploi de secrétaire et était indépendante. Elle a visité notre famille dans le Valais. Une famille lointaine en Suisse que je n’ai jamais connue et que je ne cherchai pas à connaître.

Il est vrai que notre pays se rétablissait. Les perspectives étaient superbes. J’étais pilote et apprenais à connaître les beautés de l’aviation. Enfin je possédais aussi la troisième dimension.

Qui n’a pas vécu cela, mon cher Hans, ne peut pas savoir combien la vie est exaltante dans les airs. Tu fais corps avec ta machine. Tu évolues librement tel un oiseau leste. Tu vis le plaisir suprême. D’effectuer des loopings et des Immelmann peut devenir une passion. C’est une ivresse. L’ivresse de voler ! Les merveilles qu’on rencontre entre ciel et terre sont grandioses.

 

Hans

Revenons à l’école de sport. Tu es devenu aviateur de combat. Quelle est la suite ?

 

Franz

La vraie motivation fut le contexte misérable dans lequel se trouvait l’Allemagne et moi-même. Il n’y avait plus que des gens pauvres. Indigence et pauvreté partout. Une situation insupportable. Comme je l’ai déjà dit : la seule chance d’échapper à ce dénuement était l’armée. C’est là et dans l’arme la plus moderne, l’aviation, que je voyais la promesse d’une carrière.

 

Hans

Ainsi tu devins officier de cette arme moderne, l’aviation.

 

Franz

Cela a toutefois pris quelques années. Pour être précis, depuis mon entrée à l’école de sport jusqu’à ma promotion au lieutenant se sont passées cinq années pleines. Je ne l’aurais pas réussi tout seul. Moritz fut mon soutien moral et financier. Sans elle je serais resté au niveau de technicien d’entretien. Je n’aurais pas vécu une seule heure de vol. Mo et moi étions très proches. Ainsi je devins pilote de chasse et heureux dans mon nouveau métier.

Comprends-moi bien, Hans. Pour la première fois j’étais autonome. Faisais partie de l’élite. Voyais un avenir ! Le Führer avait promis à tous les officiers décorés de la Croix de Chevalier une propriété dans l’est des régions conquises. Ce fut mon but, être propriétaire d’un domaine plus beau que celui de Beuron. Et une vie en paix ! De toute façon la guerre ne pouvait pas durer longtemps. Je devais me dépêcher d’obtenir la Croix de Chevalier. Mo était très fière de moi. Elle voulait à tout prix me voir persévérer, sachant que la formation n’était pas toujours drôle. Elle m’aidait surtout financièrement. Je fus toujours fauché comme les blés. Ne possédais aucun capital propre. La solde suffisait tout juste pour les premières nécessités. Je n’avais pas d’argent pour des achats plus importants. Il fallait financer beaucoup de choses par nous-mêmes. Des parties de l’uniforme, des livres, des cigarettes. Le tabac en faisait donc partie et devenait plus cher de jour en jour.

A m’en souvenir j’ai encore honte de la façon dont je mendiais auprès de ma sœur. Elle-même avait à peine de quoi survivre. Pour elle ma carrière d’officier avait tant d’importance qu’elle se restreignait au minimum vital et me soutenait avec ses économies. C’était le seul être humain qui se préoccupait de mon sort.

 

Hans

Quand tu te présentais enfin dans ton uniforme tout neuf vous étiez tous les deux très fiers et très heureux.

 

Franz

En effet. Je ne sais pas lequel de nous était plus heureux. Mo était carrément enthousiaste. Elle aimait les soldats en uniforme, surtout les officiers.

 

Hans

Voilà ce qu’elle a hérité de sa mère. Pour grand-mère tous les officiers étaient des héros. Des hommes qui assuraient la sécurité des femmes et des enfants. J’ai pu faire moi-même l’expérience de son penchant. Nous étions stationnés à Turtmann, le terrain des avions Mirage tout près de Loèche. Un soir j’ai fait une visite surprise à ta mère. Je venais d’être promu capitaine et j’étais accompagné d’adjudants. Ce fut une fête pour elle. Elle se précipitait à la cave. Allait vite chez le boulanger. Nous servait un dîner à la vitesse de l’éclair. Etant la fille d’un officier et petite-fille d’un général elle savait faire face lorsque ces Messieurs se présentaient. Ta famille valaisanne, cher Franz, comptait beaucoup d’officiers dans ses rangs.

 

Franz

Je fus vraiment très fier d’avoir atteint le premier but de ma carrière. Mo savait me faire avancer et demandait beaucoup. Elle me stimulait. J’entamais la réalisation de mon avenir. Puisque je faisais désormais partie de l’élite. Mon prochain objectif était l’obtention de la Croix de Chevalier.

 

Hans

Or tout s’est passé autrement. Tu as obtenu la Croix de Chevalier. Mais tu n’as pas vu la fin de la guerre. Mon cher oncle, honnêtement, sans Hitler tu n’aurais jamais atteint ta notoriété. Etais-tu un Nazi ? Pour notre parenté, tous ceux qui servaient l’armée et participaient à la deuxième guerre mondiale étaient des Nazis.

 

Franz

Nous y voilà, mon cher neveu. Pour être bref : non, je ne fus pas un Nazi. Je n’épousais pas cette manière de penser, ne faisais partie ni de la jeunesse hitlérienne ni du parti. Dans le fond la politique ne m’a jamais intéressée. La guerre était pour moi une occasion de prouver mes capacités. Nous fûmes les chevaliers du ciel. Nous-autres pilotes ne nous intéressions ni à la puissance ni au pouvoir. Les théories de Hitler ne nous ont jamais vraiment convaincus. Comme pilotes de chasse il n’y avait que la lutte d’homme à homme. Le meilleur survit.

Bien sûr nous avions connaissance de la terreur des SS et des camps de concentration. Bien sûr nous étions un élément important de la propagande national-socialiste. Il était plaisant d’être traité en héros. Il était même très agréable de faire partie de l’élite de pointe et d’être honoré et admiré en conséquence. Le prestige de notre arme et la conscience d’en faire partie était très motivant pour nous tous dans l’aviation. Pour moi il s’agissait en plus de la patrie. Je suis un allemand convaincu. Nous avions souffert terriblement après la première guerre mondiale. Cela devait changer. Je voulais m’y engager. Lorsque la diplomatie échoue on passe à la guerre. C’était toujours ainsi. Toutes les nations avaient des armées et des états major généraux. La guerre était le seul moyen de l’Allemagne de regagner son honneur perdu. C’était le prix du rétablissement de notre patrie. J’étais prêt à le payer.

 

Hans

Autour de l’année 1985 j’ai rencontré un homme d’un certain âge lors d’un voyage d’affaires. Lui aussi avait été pilote de chasse. Il avait volé dans ton escadrille. Il m’a beaucoup parlé de toi et de lui-même. C’était un entrepreneur brillant qui me disait littéralement «Grâce à dieu nous avons été transportés comme prisonniers de guerre au Canada en 1941. Ainsi nous avons survécu à la guerre. Et pouvions ensuite construire une carrière dans la république fédérale. » De ton côté, par ton évasion d’un train en marche et la traversée aventureuse du fleuve St. Laurent tu as renoncé à la protection de prisonnier de guerre. Etait-ce pour la patrie ou pour Hitler ?

 

Franz

J’étais soldat. J’avais prêté serment au drapeau. Je voulais et devais retourner au front. On y avait besoin de moi pour sauver la patrie.

 

Hans

Toutefois, de retour à la patrie tu as été retiré du front et déplacé sur le terrain d’aviation de Katwijk aux Pays Bas.

 

Franz

Mon cher, Hans, ce fut une grande déception. Nous étions loin des évènements guerriers. Nous n’avions rien d’important à faire. On s’ennuyait ferme. Il ne se passait rien aux Pays Bas. Pourquoi je traîne par ici sans aucune utilité ? Etais-je trop naïf, trop crédule ? J’ai commencé à mettre en question l’ensemble du régime de Hitler. C’est à Katwijk que je me suis posé la question terrible : « Est-ce-que tout cela est défendable devant ma conscience ? ». A dire vrai, non.

Je me suis alors souvenu d’avoir un propre frère qui vivait tout près, à La Haye. Je voulais m’entretenir avec lui.

 

Hans

C’était le 24 octobre 1941 que tu nous as rendu visite au 557, Vlierboomstraat. J’avais huit ans et fus choqué par la visite d’un officier allemand. Vous n’étiez pas du tout aimé aux Pays Bas.

 

Franz

Laisse-moi raconter.

Je me souviens que, assez méfiant, tu restais à l’arrière-plan. Pour moi, cette rencontre fut un grand évènement. Dès le premier instant il était clair qu’il s’agissait de mon frère. Pas besoin de papiers pour le prouver. Il me semblait me regarder dans un miroir, tant la ressemblance était manifeste. Non seulement physique d’ailleurs, mais aussi mentale. Nous avions tous les deux le même tempérament aventureux. Notre rencontre a duré deux ou trois heures. Voilà que je trouve, après 27 ans, mon frère ainé Ingace, mon vrai propre frère. J’ai un frère et j’ai fait sa connaissance. De la sœur Thérèse j’avais fait la connaissance trois ans auparavant en Allemagne. C’étaient des parents consanguins, des parties de ma famille. D’une famille dont on m’avait toujours privé. Je fus très touché. Nous nous sommes entendus, Ingace et moi, de faire mieux connaissance. Je voulais également connaître ma belle-sœur et mes deux neveux. En premier, nous avons convenu d’une fête à l’ »Hôtel des Indes » à La Haye le samedi soir suivant. J’amènerai des camarades et on fera la fête.

 

Hans

As-tu pris conscience de tout ça après avoir fait la connaissance de mon père ? De quoi aviez-vous vraiment parlé ? Quatre jours plus tard tu t’es écrasé. Lors d’un vol de patrouille parfaitement inoffensif. Vous étiez une double-patrouille, sans ennemi tout alentour. Incompréhensible. L’oncle Franz, décoré de la Croix de Chevalier avec plus de 20 adversaires détruits s’abîme dans la mer du Nord sans raison. Etait-ce du sabotage ? Voulait-on se débarrasser de toi de façon élégante ? « Cet héros nous est devenu trop dangereux, il faut qu’il disparaisse » !

 

Franz

Dans les premières années de mon engagement tout faisait penser à une guerre éclair. Une brève passe d’armes – la grande Allemagne – la paix et me voilà gentleman farmer. Ce fut ma motivation. Je me prenais pour un héros , un casse-cou, un aventurier qui réussit tout ce qu’il entreprend. Toutes les tentatives d’évasion des camps de prisonniers de guerre et le retour à travers la moitié du globe étaient motivés par l’aventurisme et l’amour de la patrie. Je fus très fier d’avoir été reçu par Hitler lui-même et deux huiles de l’armée, les feld-maréchaux Keitel et Jodl, pour déjeuner. De recevoir la Croix de Chevalier de Hitler en personne était un honneur très particulier. Tous ces éloges en grande pompe m’ont laissé derrière la tête un mauvais sentiment. Quelque chose n’allait pas. Juste avant le dessert j’ai brusquement réalisé : « Ce Hitler est malade. Hautement psychotique ! ». Son intention de sauver l’Allemagne n’est qu’un prétexte. Il est dépendant, esclave de son besoin de puissance illimitée, d’omnipotence. A n’importe quel prix.

De retour sur le front russe avec mon escadrille j’oubliai ces idées sombres. Toutefois quelque chose avait changé dans mon for intérieur. Lors de de ma visite chez Hitler une cassure s’est produite, quelque chose s’est brisée.

J’en pris vraiment conscience lorsqu’on m’a retiré brusquement du front. L’histoire du nouveau Messerschmitt Me 109-F4 était un mauvais prétexte. La promesse du poste de pilote d’essai en chef pour ce nouveau modèle était un mensonge. On voulait m’éloigner des combats. Dans aucun cas je ne devais être fait prisonnier une deuxième fois. Je savais trop de choses. Trop sur l’ennemi. Trop sur nous. Je représentai un trop grand risque et me fis renvoyer à Katwijk sans hésitation.

Ainsi je me trouvais au Pays Bas avec mon escadrille. Nous n’avions pas de véritables ordres de mission. Un gaspillage ridicule de personnel et de matériel.

Nous eûmes le temps de réfléchir. Pour ma part, je pris mon temps et méditais sur ma vie. Mentalement je vécus une énorme baisse. C’était la même misère que celle d’avant mon service militaire. J’avais joui de la vénération du héros. Maintenant je me sens exploité. Dès le début, Hitler m’avait joué la comédie, une mauvaise farce. Il ne s’agissait pas de la patrie. On m’avait leurré honteusement. Je fus une pièce de la machine à propagande de Goebbels. Je n’étais pas un héros, mais une marionnette. Accroché à ses fils tirés par des mégalomanes. C’était la raison pour laquelle mon évasion aventureuse via l’Amérique et l’Afrique fut gardée secrète. Que personne ne devait savoir que j’étais de retour à Berlin. Que mon livre relatant mes expériences dans la captivité anglaise ne fut pas publié. Non parce qu’il était trop anglophile et pas assez aryen, comme me l’avait fait savoir un lecteur de l’éditeur confidentiellement. Les angliches étaient vraiment plus fort que nous en matière d’interrogation. C’est pourquoi je fus retiré du front et casé sur une voie de garage. Mis en quarantaine comme risque trop important ! La réception chez le Führer fut également une mise en scène. Faisait partie de cette stratégie de mise à l’écart. La visite chez ton père à La Haye m’a donné la dernière impulsion. Une fois de plus dans ma vie on m’avait menti, mystifié, dupé, abusé et trompé.

Je ne pouvais plus assister aux agissements de Hitler, ne plus les soutenir. En quittant Ingace pour retourner sur le terrain d’aviation j’ai clairement compris : je ne peux plus être de la partie. Il ne reste que le retrait définitif.

Après plus de septante ans je veux dévoiler le secret. Ce 25 octobre je fus très énervé. J’étais bouleversé. Je tournais en rond dans la baraque. J’invectivais l’équipe au sol. Je n’étais pas moi-même.

Avec une intention définitive en tête j’ordonnais un vol de contrôle en double-patrouille au-dessus de la mer du Nord.

Les camarades me regardaient d’un œil hagard. Généralement nous utilisions qu’une seule machine pour une mission aussi risiblement simple. Je pouvais le lire sur leurs visages : « Voilà le vieux qui déraille ! ». « Tant pis, partons à quatre ». Ainsi nous nous promenâmes à 1500 mètres au-dessus de la mer du Nord.

Aucun ennemi de près ou de loin. Ni en l’air ni en mer. Le grand calme. Juste un vent quelque peu rude. Après trois quart d’heure je coupai le moteur manuellement. Le message à la radio : « Mon moteur est fichu. Essaie un atterrissage forcé ». Pour donner une note réaliste, je mettais mon zinc en vrille et faisais semblant d’en sortir avec le parachute. En réalité nous foncions dans la mer, ma chère machine et moi.

Encore aujourd’hui je suis fier de l’humour noir dans mon dernier message radio : « Rudement froid pour se baigner, non ? »

 

Hans

En fait, mon cher oncle, il y a eu deux âmes dans ta personnalité. La première était celle du casse-cou, aventurier, évadé et réalisateur téméraire. La deuxième celle d’ un homme sensible, ami honnête et séduisant avec une petite tendance à la naïveté. Un homme sympathique, émotionnel et cordial qui, dans son genre touchant, s’ouvrait facilement à ses partenaires.

Je vais t’inclure dans la galerie d’ancêtres de notre famille. A côté du général Wolff et du colonel Caspar-Ingace von Werra. Tu y feras bonne figure là aussi. Tu es des nôtres. Il était agréable de bavarder avec toi. Ce fut un échange intéressant.

 

Litérature complémentaire :

Sebastian Haffner         „Von Bismark zu Hitler“ Ein Rückblick. 1987 Kindler Verlag GmbH München ISBN: 3-463-40003-0

Kendal Burt                                  „The one that got away“ [Einer kam durch] 1956 Collins with Michael Joseph, London.

Wilfried Meichtry         „Du und ich – ewig eins“2006 Ammann Verlag & Co Zürich

ISBN: 3-250-30019-5

Wilfried Meichtry         „Die Walliser Adelsfamilie von Werra“ Bern-Leuk 2001 Doktorarbeit bei Frau Professor Beatrix Mesmer, Philosophisch-historische Fakultät der Universität Bern

Werner Schweizer        „VON WERRA“ Film auf DVD. 1 Stunde 44 Minuten. Xenix 21022 Dschoint Ventschr Filmproduktion Zürich 2002

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Croissance

 

J’ai fait un rêve. Il s’est agi de croissance économique.
De bons humains vivent dans un beau pays. Le pays est une seule montagne. Elle ressemble au Mont Cervin. Les habitants de ce beau pays sont obligés de se mouvoir. Celui qui ne bouge pas va mourir. Ces gens escaladent donc la montagne continuellement, lentement et calmement. Leur prospérité économique s’accroît à chaque mètre d’altitude gagné. De temps à autre ils sont obligés de descendre quelque peu pour pouvoir monter. Logiquement, dans ce cas la prospérité baisse. Pendant des décennies ces créatures montent régulièrement de plus en plus haut. Elles ne cessent de s’enrichir. Finalement ils arrivent tout en haut. La montagne n’a pas de sommet. Le randonneur atteint un vaste haut plateau. On y dispose de toute liberté de mouvement. Mais il n’y a plus de croissance. Ni d’augmentation de la richesse. Le plateau offre une vue magnifique. Ils découvrent au loin une montagne plus haute et plus belle. Un autre peuple l’escalade calmement et de bonne humeur. On observe une nouvelle croissance dans un cadre nouveau.

Je me retourne dans mon lit. Ouvre un œil. Le rêve est fini. Je le revois en pensées.
Ces humains sur le premier haut plateau seraient-ils prêt à descendre pour conquérir un nouveau domaine inconnu? La première montagne correspond à l’économie de hier, ancienne, connue et assez sclérosée. La deuxième montagne par contre représente une économie nouvelle et prometteuse, rafraîchie par une restructuration conséquente. Les gens sont-ils prêts à descendre, de renoncer à l’acquis? D’abandonner le patrimoine? Prennent-ils le risque de quitter un environnement qui leur est familier pour s’attaquer à un objectif tout nouveau et inconnu? Sont-ils réellement disposés d’accepter une diminution de leur bien-être?
Ils y sont indéniablement forcés s’ils veulent créer de la croissance nouvelle. En auront-ils la force? Pour franchir ce pas, faut-il de la pression externe? Un poids de souffrance?
Ce rêve ne paraît pas si irréel que ça. Si nous voulons obtenir une croissance économique impétueuse, nous ne pouvons pas éviter des sacrifices importants pour partir vers de nouveaux rivages.

 

 

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Wachstum

Ich hatte einen Traum. Es ging um Wirtschaftswachstum.
Gute Menschen leben in einem schönen Land. Das Land besteht aus einem einzigen Berg. Der gleicht dem Matterhorn. Die Bewohner des schönen Landes müssen immer in Bewegung bleiben. Wer still steht, stirbt. Darum erklimmen diese Landsleute stetig, ruhig und langsam den Berg. Mit jedem gewonnenen Höhenmeter wächst ihr wirtschaftlicher Wohlstand. Bisweilen müssen sie, um höher zu kommen, kurzfristig etwas absteigen. Verständlicherweise geschieht das Gegenteil, der Wohlstand verringert sich. Während Jahrzehnte steigen diese Geschöpfe gleichmässig immer höher. Sie werden immer reicher. Eines Tages sind sie oben angekommen. Der Berg hat keinen Gipfel. Zuoberst erreicht der Wanderer eine weite Hochebene. Die Bergbewohner können sich dort immer noch gut bewegen. Aber es gibt kein Wachstum mehr. Keine Zunahme des Reichtums mehr.
Das Plateau erlaubt eine wunderbare Weitsicht. In der Ferne entdecken sie einen noch höheren, noch schöneren Berg. Ganz am Fusse besteigt frohgemut ein anderes Volk in aller Ruhe den Höhenzug. Neues Wachstum in einem neuen Umfeld ist zu beobachten.

Ich drehe mich im Bette um. Mache ein Auge auf. Der Traum ist aus. Ich gehe ihn in Gedanken noch einmal durch.
Wären die Menschen auf dem ersten Hochland wohl bereit hinunter zu steigen, um ein neues unbekanntes Wirtschaftsfeld zu erobern? Der erste Berg stellt in hohem Grade die alte, bekannte, ziemlich verkrustete Volkswirtschaft von gestern dar. Der neue Berg hingegen bedeutet eine neue, durch einen kräftigen Strukturwandel aufgefrischte, viel versprechende Ökonomie. Sind die Leute bereit abzusteigen, auf ihr Erreichtes zu verzichten? Den Besitzstand auf zu geben? Gehen sie das Risiko ein, eine wohlvertraute Umwelt zu verlassen, etwas völlig Neues, Unbekanntes in Angriff zu nehmen? Sind sie wirklich empfänglich einen Abbau ihres Wohlstands in Kauf zu nehmen?
Sie müssen es fraglos tun, um neues Wachstum zu schaffen. Haben sie die Kraft dazu? Braucht es zu diesem Schritt Druck von aussen? Leidensdruck?

Dieser Traum scheint gar nicht so unwirklich. Wenn schwungvolles Wirtschaftswachstum wichtig ist, kommen wir nicht umhin Opfer zu bringen, um nach neuen Ufern aufzubrechen.

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Geburtstag

 

 

 

 

Der folgende Text beschreibt ein Gespräch zwischen dem deutschen Jagdpiloten Franz von Werra und seinem Neffen Hans. Das Gespräch ist Fiktion und von der Wirklichkeit losgelöst.

 

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Hans
Lieber Onkel Franz,
Ganz herzliche Gratulation zu Deinem Geburtstag. Heute, am 13. Juli 2014, bist Du vor hundert Jahre als Sohn eines total verarmten Barons im Wallis, in der Schweiz, auf die Welt gekommen.

Franz
Es freut mich lieber Hans, dass Du daran gedacht hast. Ich erinnere mich nicht daran. Ich habe immer in Deutschland gelebt und meine Jugend mit meinen Pflegeeltern in Beuron in der Nähe von Sigmaringen (Hohenzollern) und Köln verbracht.
Das Erste, an das ich mich erinnern kann ist mein vierter Geburtstag. Das grösste Geschenk war ein echtes, lebendes Pony. Ausgerüstet mit Sattel und Zaumzeug. Zwischen Vati zur rechten Seite und Ludwig, dem Stallknecht zur Linken, bin ich über den Hof und über die abgeernteten Äcker geritten. Beinahe jeden Tag, sicher aber dreimal die Woche, sass ich auf meinem Pferdchen und ritt mit Vati über Felder und durch Wälder. Es war ein Genuss. Mit etwa fünfeinhalb beherrschte ich die Reitkunst so weit, dass ich auch ohne Begleitung das Pony bewegen konnte. Für meine leiblichen Eltern in der Schweiz habe ich mich nicht wirklich interessiert. Ich musste fast erwachsen werden, um zu hören, dass Vati nicht mein Vater und Mutti nicht meine Mutter waren. Ich fühlte mich als deutscher Staatsangehöriger und liebte meine Pflegeeltern, vor allem meinen Vater, einen preussischen Major. Er war sichtlich bemüht „einen stolzen, aufrechten Kerl“ aus mir zu machen. Das hat er auch getan.

Hans
Dass Du Dich nicht an Leuk erinnern kannst erklärt der folgende Tatbestand: Du kamst ja als fünfzehn Monate altes Kleinkind nach Beuron. Donaueck war Dein Elternhaus. Louisa von Haber Deine Mutter, Major Oswald Carl Dein Vater. Von Deinem eigentlichen Ursprung wusstest Du nichts.
Deine Eltern in Leuk waren, als Du geboren wurdest, in einer unheimlichen Notlage. Du warst der Siebte und der Jüngste. Ich versuche es mir oft vorzustellen, kein Geld zu haben, den Nachwuchs zu ernähren. Zu der Zeit war Deine ältere Schwester Marie-Louise schon bei der Familie des Kirchenmusikers und Organisten Ernst von Werra. Auch als Pflegekind in Beuron. Rosalie von Werra – Molitor, seine Frau, hatte Kontakt zu Deinen Pflegeeltern.
In Leuk stand man vor der schwerwiegendsten Entscheidung. Tragische Folgen würde sie haben. Entweder mussten die zwei jüngsten ins Waisenhaus oder sie musste nach Deutschland um in einem anderen, adeligen Haus eine standesgemässe Erziehung zu erhalten. Zwei Kinder des Barons ins Waisenhaus! Unvorstellbar.
Deine Eltern waren meine Grosseltern. Ich habe sie gut gekannt. Glaube mir Onkel Franz, Deine Mutter war eine grossartige, kluge Frau, mit einer unglaublichen Contenance. „Ich habe die Nacht, um zu weinen“ hat sie mir einmal gesagt. Der unabwendbare Entscheid die jüngsten Zwei nach Beuron zu geben, ist Deinen Eltern schwer, sehr schwergefallen.
Erzähle mir doch bitte mehr von Deinem Leben in Beuron.

Franz
Ich hatte eine wunderschöne Jugend in Beuron. Vater Oswald liess mir viel Freiheit. Ganz anders lebte meine grosse Schwester Charlotte. Unsere Mutter, meistens Mutti genannt, bisweilen auch Mamuschka, erzog uns zu Anständigkeit und Ehrenhaftigkeit. Sie hatte eine hohe ethische Gesinnung und gab uns diese mit. Mutter Louisa hatte sich in den Kopf gesetzt, Lotte zu einer höheren Tochter zu erziehen und sie auf eine gute Heiratspartie vorzubereiten. Das bedeutete für Charlotte, dass sie neben der Schule französisch, die Sprache der Diplomaten und Adeligen lernen musste. Geschichte wurde gebüffelt. Klavierstunden kommandiert. Im Gegensatz zu mir war die Bewegungsfreiheit meiner Schwester stark eingeschränkt. Was sage ich eingeschränkt; Charlotte stand Tag und Nacht unter Kontrolle und kam aus diesem goldenen Käfig nicht heraus.
Bis sie eines Tages genug hatte. Sie hielt das strenge Regime der Mutter nicht mehr aus. Sie hatte genug davon, schwarze Strümpfe zu stricken und die unverständlichen Vokabeln der schrecklichen französischen Sprache zu lernen. Sie wollte weg. Aus diesem Haus flüchten. Ein selbstständiges Leben beginnen. Sie überredete mich, mitzukommen. Mir gefiel die Idee, und wir heckten einen Plan aus. Charlotte war die treibende Kraft.
Sie hatte alles vorbereitet. Irgendwie ist sie zu Geld gekommen. Proviant und zwei Feldflaschen voll Tee hatte sie auch organisiert.

Hans
Erzähl weiter, wie ist die Flucht verlaufen?

Franz
Wir waren wirklich noch kleine Knirpse. Aber Biwi war eine gute Planerin. Sie hatte in einem Atlas gestöbert und entschieden: „Wir gehen nach Leverkusen! In fünf Stunden sind wir dort.“ Nachmittags um fünf war es ruhig im Haus. Erster Treffpunkt war der Gartenpavillon. Dort hatte Lotte am Vortag unsere Wanderschuhe und einen Rucksack versteckt. Wir kleideten uns für die Wanderung und füllten alles in den Rucksack. So gegen sechs zogen wir los. Anfangs ging alles gut. Nach einer Stunde schlug Lotte eine Pause vor. Abendessen wurde eingenommen. Es begann zu regnen. Allzu gut waren wir für diesen Wetterumschlag nicht gerüstet. Wir fanden Unterstand in einer verlassenen Scheune. Es wurde dunkel. Licht hatten wir nicht dabei. Der Regen liess nach. Mitten in der Nacht müssen wir nach Wermelskirchen gekommen sein. Wir hatten die Operation „Ab nach Leverkusen“ unterschätzt. Vorerst mussten wir für die restliche Nacht irgendwo unterkommen. Die Stadtkirche schien uns geeignet. Nur – die war geschlossen. Wir kauerten uns in der Vorhalle vor dem Tor an die Mauer und kamen uns ziemlich verloren vor. Irgendwie ist die Sache schief gegangen. Lotte begann zu räsonieren. Vielleicht sollten wir lieber wieder zurück. Unser Gedankenaustausch wurde von dem Geratter eines Motorrads mit Seitenwagen jäh unterbrochen. Aus dem Sattel stieg ein Schutzpolizist. Er war auf der Suche nach uns. Mutti hatte Alarm geschlagen. Wir sollen einsteigen. Lotte in den Seitenwagen, ich auf den Sozius. Der Polizist beschleunigte. Herrlich, so über Land zu flitzen. Die Luft streift die Wangen. Da fand ich heraus, dass mir rasches Fahren grosse Freude bereitete. Der Spass war allerdings rasch vorbei. Beim Absteigen raunte ich Biwi zu: „Mach Dich auf eine Strafpredigt mit Folgen gefasst!“ Erstaunlicherweise herrschte zuhause lauter Freude. Man war froh, uns wieder zu haben. Die Eltern hatten sich Vorwürfe gemacht und vor allem in Angst gelebt. Viel wurde über die erste, völlig misslungene Flucht, nicht gesprochen. Das meiste wurde unter den Teppich gekehrt.
Ich allerdings hatte gelernt, wenn man eine Flucht plant, sollte man die Operation bis zum Ende durchdenken.
Wie schon erwähnt, hatte ich viel mehr freien Spielraum als Lotte. Die ganz grosse Freiheit genoss ichvor allem beim Leben auf der Meierei. Dort gefiel es mir sehr, dort konnte ich sein. Ich wurde immer geschickter und mutiger im Umgang mit den Pferden. Neben dem Pony waren da noch zwei Rappen, auf denen sich hervorragend reiten liess, im Stall. Sie hiessen Lili und Lala. Natürlich hatte es notwendigerweise auch noch viele Arbeitspferde, Ackergäule für die Arbeit auf dem Felde. Im Pferdestall war mir wohl. Mit dem Stallknecht und dem übrigen Personal hielt ich gute Beziehungen. In der Reiterei wurde ich immer besser und frecher. Ab und zu ritt ich sogar alleine aus. Wir, das Pferd und ich, kamen schön verschwitzt wieder in den Stall. Ich versorgte mein Pferd immer selber. Wir waren eine Einheit. Beide liebten das Tempo. Wir hatten die gemeinsame Freude, miteinander über die Felder zu fliegen. Geschwindigkeit zu erleben, war für mich ein hohes Gut.
Als ich dann, nach gehabtem Ritt, meinen Freund, mein Pferd pflegte, ertappte ich mich oft dabei, dass ich sehnsüchtig einer Elster zuschaute, wie sie elegant von Baum zu Baum segelte, sich selbstbewusst auf den höchsten Wipfel niederliess und mit ihren Artgenossen schwatzte und jagte.
Mir fehlte die dritte Dimension. Wie ich die Sehnsucht von Ikarus verstehe. Wie ich den Drang von Leonardo da Vinci begriff, ein Flugobjekt zu bauen. Schnelligkeit am Boden ist schön, ja kann berauschend sein. Wie schön müsste das in der Luft sein. Wirkliche Freiheit gibt es für den Menschen nur, wenn er die dritte Dimension beherrscht. 

Hans
Lieber Franz, Du hast mir jetzt vieles über das leben im Freien, über die Meierei erzählt. Wie war eigentlich das Leben in der grossen Villa Donaueck, das Stammhaus der von Haber?

Franz
Immer am Nachmittag, wenn wir vier uns zur Kaffee- oder Teestunde zusammengefunden hatten, in einer gemütlichen Ecke des geräumigen Wohnzimmers, dessen grosse Fenster einen weiten Blick in das Tal gestatteten, fühlte ich mich so richtig wohl. So schön geborgen. Zuhause! Vati erzählte oft aus seinem Leben. Von seinem elterlichen Haus in Celle, vom weitläufigen Park, der sich bis zur Leine hinzog. Eine ideale Badegelegenheit für ihn und Onkel Ernst.
Unsere Schulaufgaben gaben oft Anlass, ihn auf die Themen Geografie und Weltgeschichte zu bringen, in denen er mehr wusste, als ich in meinem Leben bislang lernen konnte. Die Teestunde wurde zur Erzählstunde. Diese Erzählungen in der Dämmerstunde hielten wir lange bei, auch als wir uns „kleiner gesetzt“ hatten und in die Meierei gezogen waren, sogar selbst noch später in Köln, als ich schon die oberen Klassen des Gymnasiums besuchte.
Erhebende Augenblicke waren es, wenn unsere Eltern gemeinsam musizierten. Wenn Mutti ihre Geige hervorholte und Vati sie auf dem Piano begleitete.
Ihnen in dem gediegenen Musikzimmer zuzuhören, war ein doppelter Genuss: Die glänzenden schwarzen Möbel, der Flügel, die hohen Bücherschränke, der Schreibtisch und die Sessel vor einer braungoldenen Tapete, die schweren roten Portieren, die die Fenster umrahmten, blieben mir unvergessen. Heute noch sehe ich die seidene Flügeldecke mit den in Gold gestickten zarten Reihern, deren Glanzaugen ich fast sämtlich herausgeklaubt habe.
Festlich wirkte auch das weissgetäfelte Esszimmer, dessen Ecken abgerundet waren durch Vitrinen, hinter denen kostbare Gefässe prangten und reich geschliffene Kristalle mit Szenen in die ich mich vertiefen konnte. Zwischen den Fenstern reichte ein grosser Spiegel von der Decke bis zum Boden. An den Wänden hingen die Armleuchter. Sie trugen kleine Schirme aus gelber Seide.
Ein grosser Salon schloss sich an. Der Boden hatte ein wunderbares Parkett. Die brokatbezogenen Möbel hatten vergoldete Armlehnen. Braunleuchtende Tische mit schwungvollen Linien stellten Museumsstücke dar. An den Wänden hingen dunkle Landschaftsgemälde in breiten, goldenen Rahmen.
Die Zimmerflucht beschloss ein reizendes Boudoir mit weichen Polstern und Kissen.
Eine Terrasse lief diesen Räumen entlang, deren herrliche Aussicht auf Beuron und das Donautal allen Besuchern grossen Eindruck machte. Zweiundvierzig Räume hatte das Haus. Ich war stolz darauf.

Hans
Das Leben besteht aus eine Aneinanderreihung von Erfahrungen, die einem möglicherweise später zu Gute kommen können.
Eine andere Frage Onkel Franz, wie hiess Deine grosse Schwester eigentlich Emma, Charlotte, Lotte, Biwi oder Moritz und Mo?

Franz
Spitznamen waren in unserer Familie stets in Gebrauch. Ich, der kleine Bruder, war für die Frauen Buschi, für Vati aber immer Franz. Charlotte war der offizielle Rufname von Emma. In der Schule und auf der Strasse wurde daraus Lotte. Biwi war eine Erfindung von Mutti.
Interessant war die Verwendung des Knabennamen Moritz. Er wurde nur zwischen uns beiden gebraucht und war geheim. Nur wir zwei. Niemand sonst durfte davon wissen, geschweige denn ihn gar benützen.
Lotte war im Grunde ein Bewegungstyp. Sie liebte den Sport, sie liebte, wie ich, die Geschwindigkeit. Das passte gar nicht in das Erziehungskonzept von Mutti. Sie wollte aus Lotte eine Dame der Gesellschaft machen. Sport und gar Autofahren war nichts für anständige höhere Töchter. Lotte war sehr körperbezogen. Sie liebte es, sich in einem knappen Badeanzug in der frischen Luft zu bewegen, zu turnen und zu spielen. Sie bewunderte gute Sportler. Wir gingen zusammen oft, mehr geheim als erlaubt, zu Sportanlässen und schauten den Athleten bei der Arbeit zu. Polo zu Pferd, fechten und schwimmen waren besonders beliebt. So traf Biwi eines Tages Moritz Handrick. Er war ein Supersportler. Ein wahrer Adonis. Für den modernen Fünfkampf trainierte er. Lotte war hin. Sie wusste alles über ihn. Sie bewunderte seinen athletischen Körper. Er war ihr Schwarm, das Vorbild, den Sportler schlechthin, ein Held!
Ich sollte ihn später an der Sportschule und auch als Pilot der Luftwaffe noch besser kennenlernen.
An den Sommerspielen 1936 der Olympiade holte Moritz in Berlin die Goldmedaille. Das war eine echte Leistung. Das war Moritz!
Lotte führte ein Tagebuch. Dort hinein klebte sie alle Bilder die sie in Sportzeitungen und Illustrierten finden konnte. Sie verfolgte seine Karriere im Rundfunk. Sie kannte seine Ergebnissen im Schwimmen, Fechten, Schiessen, Reiten und Laufen.
Vati war damals schon todkrank. Lotte schwärmte für Moritz. Nur ich wurde ins Vertrauen gezogen. Wir hatten ein gemeinsames Geheimnis. Dieses gab mir die Möglichkeit, auch gelegentlich Lotte mit ihrer Schwärmerei zu necken. Von da an nannte ich sie oft Moritz. Die Spitznamen wurden so etwas wie ein geistiges Band, das uns zusammenhielt und vor den ungemütlichen Ereignissen in der Familie Carl schützte. Die Familie Carl war ja im Chaos der Gefühle zerbrochen. Wir hatten nur noch uns zwei. So beschloss ich, sie in Zukunft Moritz oder Mo zu nennen und sie mich Buschi. Nach dem Tode von Vati, im Herbst 1933, waren nur wir noch für einander da.

Hans
In unserer Familie bist Du so richtig berühmt geworden, als Emma nach Leuk gereist ist und uns von Dir erzählt hat. Was gab Dir den Antrieb, Deutschland zu verlassen und nach Amerika abzuhauen.

Franz
Hans, Du kannst Dir keinen Begriff machen in was für einem Schlamassel Deutschland stak. Und unsere Familie genau so. Das Volk verarmte. Not und Hunger so weit das Auge reichte. Die Weimarer Republik hatte politisch keine Autorität. Ich hatte genug von Deutschland. Ich hatte genug von meiner Familie, die gar nicht meine Familie war und mich mit Notlügen eindeckte. Ich hatte genug von dem Leben in der Misere. Ich hatte genug von Europa. Ich wollte einfach weg! Amerika war das Land mit der grössten Freiheit eines jeden Bürgers. Dort wollte ich hin. Dort wollte ich ein neues Leben aufbauen. Mein Leben nach meinem Gusto gestalten.

Hans
Und dann kam alles ganz anders. Nach dreieinhalb Monaten als blinder Passagier warst Du wieder in Hamburg, ohne je einen Fuss auf amerikanischem Boden gesetzt zu haben.
Zurück auf Feld eins! 

Franz
Mein lieber Neffe, ich war am Boden zerstört. Zurück ins Gymnasium wollte ich nicht mehr. Kurz nach Weihnachten 1932 vernahm ich, dass Moritz und Vati heiraten wollen. Ich war völlig allein. Keine Familie. Mit Mutti und Vati lag ich in Unfrieden. Mo gehörte auch nicht mehr zu mir.
Das folgende Jahr war mein Katastrophenjahr. Das Jahr, in dem Du geboren bist und Hitler die Macht übernahm. Ich hielt mich mit Gelegenheitsarbeiten über Wasser. Viel zu verdienen gab es nicht. Deutschland lag wirtschaftlich und politisch am Boden. Arbeitslosigkeit, Verarmung und eine unfähige Regierung ohne jede Führung. Eine totale Verelendung der Mittelklasse. Viele Mitmenschen sehnten sich den Kaiser wieder herbei. Deutschland brauchte einen neuen Chef. Jemand, der die Führung übernimmt und uns aus dem Schlamm wieder hochzieht. Ich fühlte mich so elend wie noch nie. Nie vorher und nie nachher. Ich war 18 Jahre alt. Ich hatte nichts. Keine richtige Ausbildung, keinen Anschluss, kein Diplom, keine Beziehungen, kein Geld, keine richtigen Freunde, kein Zuhause. Nichts! Ich wurstelte mich einigermassen durch. Eines Abends hatte ich genug von meinem Selbstmitleid. Ich raffte mich auf. Ich meldete mich bei der Sportschule im westfälischen Hamm. Ich wollte Wehrsportlehrer werden und eine Karriere als Offizier der Wehrmacht starten. Das gelang und gab mir meinen Lebenswillen zurück. Es war wirklich die allereinzige Möglichkeit, aus der wirtschaftlich unmöglichen Situation heraus zu kommen. Ein ungeheurer Antrieb entbrannte in mir. Ich bestand die Aufnahmeprüfung in die Sportschule. Das war der Start zu einer Militärkarriere. Endlich hatte ich ein Ziel vor Augen: Zum Heer und dort zur modernsten Waffengattung, zur Luftwaffe. Es gelang. Auch die Aufnahmeprüfung in die Luftwaffe hatte ich bestanden. Ich wurde Soldat. Das war anfangs 1934. Das Krisenjahr 33 habe ich aus meinem Leben gestrichen.

Hans
Auch für Emma brach zur selben Zeit eine völlig neue Zeit an.

Franz
Ja, gegen Ende 1933 ist Vati schwer krank an einem Gallenleiden gestorben. Moritz und ich sind in Dortmund zusammengezogen. Nur war ich selten mit ihr zusammen. Die Ausbildung zum Piloten und zum Offizier forderte lange Jahre im Heer mit wenig Urlaub. Mo war während meiner soldatischen Ausbildungszeit meine moralische und finanzielle Unterstützung. Wir sahen uns nicht oft, hatten aber einen intensiven Briefkontakt. Wir schrieben uns beinahe wöchentlich. Ohne Mo wäre ich nie Offizier geworden. Kommt dazu, dass die ersten Jahre unter Hitler Arbeit und Wohlstand brachten. Wir wurden wieder als Industrienation ernst genommen. Am Horizont winkte eine Zukunft wie zu Kaisers Zeiten. Ich witterte Morgenluft. Allzu lange konnte das mit dem Krieg nicht gehen. Dann Friede, auf zu neuen Ufern!
Mo hatte Arbeit als Sekretärin und stand auf eigenen Füssen. Sie besuchte unsere Familie im Wallis. Eine Familie weit weg in der Schweiz, die ich nicht nie gekannt habe und nie kennenlernen wollte.
Es ging in unserem Land ja wieder bergan. Die Aussichten waren prächtig. Ich war Pilot und lernte die Schönheit des Fliegens kennen. Endlich gehörte mir auch die dritte Dimension.
Wer das nicht erlebt hat, lieber Hans, weiss nicht, wie schön das Leben in der Luft ist. Du bist eins mit Deiner Maschine. Frei wie ein wendiger Vogel kannst Du Dich bewegen. Hier erlebst Du den höchsten Genuss. Es kann zur Sucht werden mit hohem Tempo Loopings und Immelmänner zu fliegen. Es wird zum Rausch! Der Rausch des Fliegens. Die Herrlichkeiten, denen es zwischen Himmel und Erde zu begegnen gibt, sind überwältigend.

Hans
Zurück zur Sportschule. Du bist Kampfflieger geworden. Wie ging es dann weiter?

Franz
Die wirkliche Triebfeder war das miserable Umfeld, in dem sich Deutschland und auch ich selbst mich befand. Es gab nur noch arme Leute. Bedürftigkeit und Armseligkeit wohin man schaute. Es war nicht mehr zum Aushalten. Wie schon gesagt: Die einzige Chance für eine Flucht aus diesem Elend, war das Heer. Dort bei der modernsten Waffengattung, der Luftwaffe, sah ich die allereinzige Chance für eine Karriere.

Hans
So wurdest Du Offizier dieser modernen Waffengattung, der Luftwaffe.

Franz
Bis es so weit war, hat es allerdings ein paar Jahre gedauert. Um genau zu sein, brauchte ich vom Eintritt in die Sportschule bis zur Beförderung zum Leutnant satte fünf Jahre. Alleine hätte ich es nicht geschafft. Moritz war meine moralische und finanzielle Stütze. Ohne Moritz wäre ich auf der Stufe Flugzeugwart hängen geblieben. Ich hätte nie eine Flugstunde erlebt. Mo und ich standen uns echt sehr nahe. So wurde ich Jagdflieger und sehr glücklich in meinem neuen Beruf.
Hans, das musst Du verstehen. Zum allerersten Mal stand ich auf eigenen Füssen. Gehörte ich zur Elite. Sah ich eine Zukunft vor mir. Hatte ich ein Ziel! Der Führer hat allen Offizieren, die das Ritterkreuz trugen, ein Landgut in den eroberten Gebieten im Osten des Landes versprochen. Das war mein Ziel, Gutsherr werden einer eigenen Meierei, schöner als wir sie in Beuron hatten. Und ein Leben in Frieden! Der Krieg konnte ja sowieso nicht lange dauern. Ich musste mich sputen, das Ritterkreuz zu verdienen. Mo war sehr stolz auf mich. Sie wollte unbedingt, dass ich durchhalte. Denn lustig war die Ausbildung auch nicht immer. Vor allem half sie mir finanziell. Ich war immer knopfstier. Ich hatte keine Mark persönliches Kapital. Der Sold reichte auch nur für das Allernötigste. Für grössere Beschaffungen hatte ich kein Geld. Vieles mussten wir aus eigenen Mitteln finanzieren. Teile der Uniform, Lehrbücher und Zigaretten. Rauchen gehörte dazu und wurde von Woche zu Woche teurer.
Wenn ich daran zurückdenke, schäme ich mich heute noch, wie ich meine Schwester regelmässig anbettelte. Sie hatte selbst kaum genug zum Leben. Ihr war meine Karriere als Offizier so wichtig, dass sie sich aufs Allernötigste beschränkte und mich mit dem Ersparten unterstütze. Sie war der einzige Mensch damals, den ich hatte, der sich um mich sorgte.

Hans
Als Du dann in der neuen Uniform da standst, wart Ihr beide sehr stolz und sehr glücklich.

Franz
So war es. Ich weiss nicht, wo die Freude grösser war, bei Moritz oder bei mir. Mo war hell begeistert. Sie liebte Soldaten in Uniform, ganz besonders Offiziere.

Hans
Das hat sie von ihrer Mutter geerbt. Für Grand’maman waren Offiziere alles Helden. Männer, die für die Sicherheit der Frauen und Kinder garantierten. Ich habe das selber einmal erlebt. Wir lagen in Turtmann, dem Flugplatz für Mirage-Flugzeuge ganz in der Nähe von Leuk. Eines Abends überraschte ich Deine Mutter mit einem Besuch. Ich war gerade Hauptmann geworden und kam begleitet von Adjudanten vorbei. Das war ein Fest für sie. Sie eilte in den Keller. Ging rasch zum Bäcker. Tischte uns in Blitzes Eile ein Abendessen auf. Sie war die Tochter eines Offiziers und Enkelin eines Generals; sie wusste, was sich gehört, wenn sich die Herren meldeten. Franz, in Deiner Familie im Wallis findest Du viele Offiziere.

Franz
Ich war wirklich sehr stolz darauf, mein erstes Karriereziel erreicht zu haben. Mo förderte mich, wo sie nur konnte, und forderte mich eben so. Sie trieb mich an. Ich startete die Arbeit an meine Zukunft. Gehörte ich doch jetzt zur Elite. Mein Ziel war nun das Ritterkreuz.

Hans
Das kam dann alles etwas anders. Das Ritterkreuz hast Du erhalten. Das Ende des Krieges aber nicht erlebt. Onkel Franz, Hand aufs Herz, ohne Hitler wärst Du nie so berühmt geworden. Warst Du ein Nazi? Für unsere Verwandten sind alle, die im Heer dienten und am Zweiten Weltkrieg teilnahmen Nazis.

Franz
Mein lieber Neffe, diese Frage musste ja kommen. Um es ganz kurz zu machen: Nein, ich war kein Nazi. Weder in meiner Gesinnung, noch war ich in der Hitlerjugend und in der Partei. Im tiefsten Herzen hat mich Politik nie interessiert. Für mich war der Krieg eine Gelegenheit, mein Können unter Beweis zu stellen. Wir waren die Ritter der Lüfte. Uns Piloten interessierte weder Macht noch Vorherrschaft. Den Theorien von Hitler haben wir nie richtig geglaubt. Für uns Jagdflieger gab es nur den Kampf Mann gegen Mann. Der Bessere überlebt.
Natürlich wussten wir vom Terror der SS und von den Konzentrationslagern. Natürlich waren wir ein wichtiges Element der NS-Propaganda. Es war auch schön, als Held gehandelt zu werden. Es war sogar sehr schön, zur absoluten Elite zu gehören und entsprechend bewundert und verehrt zu werden. Der hohe Prestigegehalt unser Waffengattung und das Wissen, dazu zu gehören, waren enorm motivierend für uns alle in der Luftwaffe. Mir ging es darüber hinaus ums Vaterland. Ich bin ein überzeugter Deutscher. Uns ging es nach dem Ersten Weltkrieg so furchtbar schlecht. Das musste besser werden. Dafür wollte ich mich einsetzen. Wenn die Diplomatie nicht weiter kommt, geht man zum Krieg über. So war das immer. Alle Nationen hatten Heere und Generalstäbe. Deutschland konnte nur mit den Mitteln des Krieges die verlorene Ehre zurückerobern. Das war der Preis für die Besserstellung unseres Vaterlandes. Ich war bereit, ihn zu bezahlen.

Hans
So um 1985 traf ich auf einer Geschäftsreise einen älteren Herrn. Er war auch Jagdflieger gewesen. Er ist in Deiner Staffel geflogen. Er hat mir viel über Dich erzählt und auch über sich. Er war erfolgreicher Unternehmer und sagte mir wörtlich: „Gottseidank sind wir damals 1941 als Kriegsgefangene nach Kanada transportiert worden. So haben wir den Krieg überlebt. So konnten wir eine Karriere in der Bundesrepublik aufbauen.“ Mir Deiner Flucht aus dem fahrenden Zug und der abenteuerlichen Überquerung des St. Laurenz Stromes hast Du auf den Schutz als Kriegsgefangener verzichtet. War das fürs Vaterland oder war das für Hitler?

Franz
Ich war Soldat. Ich hatte einen Fahneneid geleistet. Ich musste und wollte zurück an die Front. Ich wurde dort gebraucht, um das Vaterland zu retten.

Hans
Zurück in der Heimat wurdest Du aber von der Front abgezogen und auf den Feldflugplatz Katwijk in Holland verlegt.

Franz
Mein lieber Hans, das war für mich die grosse Enttäuschung. Wir lagen dort fern vom kriegerischen Geschehen. Wir hatten nichts Rechtes zu tun. Es war langweilig. Hier in Holland war nichts los. Hier war Friede. Warum liege ich hier nutzlos herum? War ich zu naiv, zu leichtgläubig? Das ganze Hitlerregime begann ich infrage zu stellen. In Katwijk habe ich mir dann die furchtbare Frage gestellt: „Ist das Ganze vor dem Gewissen vertretbar?“ Eigentlich nicht, nein.
Da fiel mir ein, dass ich einen Bruder habe, der mit seiner Familie in Den Haag, ganz in der Nähe, wohnt. Mit ihm wollte ich mich besprechen.

Hans
Das war am 21. Oktober 1941, als Du uns in der Vlierboomstraat 557 besucht hast, ich gerade Mal acht und schockiert, dass wir von einem Deutschen Offizier Besuch bekamen. Ihr wart bei der Bevölkerung in Holland alles andere als beliebt.

Franz
Lass mich erzählen.
Ich erinnere mich, du bist dort ziemlich misstrauisch im Hintergrund herum geschlichen. Für mich war das Treffen ein grosses Erlebnis. Vom ersten Augenblick an war klar, dass er mein Bruder sein muss. Da brauchte es keine Papiere für den Beweis. Ich dachte ich schaue in den Spiegel, so glichen wir einander. Nicht nur unsere Statur, auch im Gespräch, wir hatten beide das abenteuerliche Temperament in der Brust. Wir waren zwei Stunden zusammen oder vielleicht drei. Nach 27 Jahren treffe ich meinen drei Jahren älteren Bruder Ignaz, meinen richtigen leiblichen Bruder. Ich habe einen Bruder, und ich habe ihn kennengelernt. Die Schwester Therese hatte ich vor drei Jahren in Deutschland getroffen. Das waren Blutsverwandte, Teile meiner Familie. Eine Familie, die man mir immer vorenthalten hatte. Ich war sehr gerührt. Wir, Ignaz und ich, beschlossen uns besser kennenzulernen. Ich wollte auch meine Schwägerin und meine zwei Neffen kennenlernen. Als Erstes wurde eine Feier im „Hotel des Indes“ in Den Haag geplant für nächsten Samstagabend. Ich bringe ein paar Kameraden mit, und dann wird gefeiert.

Hans
All das wurde Dir bewusst, nachdem Du meinen Vater kennengelernt hast? Was habt ihr eigentlich wirklich besprochen? Vier Tage später bist Du abgestürzt. Bei einem völlig harmlosen Patrouillenflug. Ihr ward eine Doppelpatrouille ohne Feind weit und breit. Unverständlich. Onkel Franz, der Ritterkreuzträger mit mehr als 20 Abschüssen, stürzt ohne Grund in die Nordsee. War das vielleicht Sabotage? Wollten sie Dich auf elegante Art loswerden? „Dieser Held ist uns zu gefährlich geworden, er muss weg!“?

Franz
In den ersten Jahren meines Dienstes sah alles nach einem Blitzkrieg aus. Kurzer Waffengang – Grossdeutschland – und ich im Frieden als Gentleman Farmer. Das war meine Motivation. Ich sonnte mich in der Rolle eines Helden, eines Draufgängers, eines Abenteurers, dem alles gelingt. Auch alle die Fluchtversuche aus der Kriegsgefangenschaft und die Heimreise durch die halbe Welt waren von Abenteuerlust und Heimatliebe getrieben. Ich war sehr stolz von Hitler selbst empfangen zu werden, mit ihm und zwei weiteren hohen Tieren der Armee, Generalfeldmarschälle Keitel und Jodl, zu Mittag zu essen. Vom Führer persönlich das Ritterkreuz zu empfangen, ist etwas ganz besonders.
Beim ganzen Lob und Pump hatte ich irgendwo zuhinterst im Schädel ein schales Gefühl. Irgendetwas stimmte da nicht. Kurz vor der Nachspeise fiel es mir wie Schuppen von den Augen: „Dieser Hitler ist krank. Hochpsychotisch!“ Sein Bestreben, Deutschland zu retten ist ein Vorwand. Er ist süchtig, süchtig nach unbegrenzter Macht, nach Omnipotenz. Koste es was es wolle.Kasten Franz 20140703
Als ich wieder mit meiner Staffel gegen Russland im Einsatz stand, verflogen diese düsteren Gedanken. Etwas hingegen, war in meiner Brust verändert. Beim Besuch bei Hitler ist in mir etwas zerbrochen, ist etwas kaputt gegangen.
So richtig bewusst wurde mir das, als ich plötzlich von der Front zurückgezogen wurde. Die Geschichte mit der neuen Messerschmidt Me 109-F4 war eine faule Ausrede. Das Versprechen, ich würde dann Cheftestpilot auf dieser Neuheit, war eine Lüge. Man wollte mich aus dem Kriegsgeschehen entfernen. Auf gar keinen Fall dürfte ich ein zweites Mal in Kriegsgefangenschaft geraten. Ich wusste zu viel. Zu viel vom Feind. Zuviel von uns. Ich war ein zu grosses Risiko und wurde kurzerhand nach Katwijk abgeschoben.
So lag ich mit meiner Staffel in Holland. Wir hatten keinen richtigen Auftrag. Eine lächerliche Verschwendung von Personal und Material.
Wir hatten Zeit zum Nachdenken. Ich besonders nahm mir die Zeit und stellte meine Überlegungen an. Lange und oft dachte ich über mein Leben nach. Gefühlsmässig befand ich mich in einem Riesentief. Es war dieselbe Misere wie in der Zeit vor meinem Militärdienst. Ich habe den Heldenruhm genossen. Jetzt komme ich mir ausgenutzt vor. Hitler hatte mir von Anfang ein Theater vorgespielt, eine üble Posse. Es ging gar nicht um die Heimat. Man hat mich über den Tisch gezogen. Ich war ein Teil von Goebbels Propagandamaschine. Ich war gar kein Held. Eine Marionette war ich. Ich hing an Fäden, die von Grössenwahnsinnigen gezogen wurden. Deshalb wurde meine abenteuerliche Flucht durch Amerika-Afrika zurück in die Heimat geheim gehalten. Deshalb durfte niemand wissen, dass ich wieder in Berlin war. Deshalb wurde das Manuskript des Buches, in dem ich die Erfahrungen in englischer Kriegsgefangenschaft niedergelegt hatte, nicht publiziert. Nicht weil es zu englischfreundlich und zu wenig arisch war, wie mir einmal ein Lektor des Verlags im Vertrauen mitteilte. Die Tommies waren auf dem Gebiet der Befragung wirklich besser wie wir. Deshalb wurde ich von der Front in die Etappe kommandiert. Als zu grosses Risiko wurde ich aus dem Verkehr gezogen! Auch der Empfang beim Führer war inszeniert. War ein Teil dieser Strategie des Kaltstellens.
Der Besuch bei Deinem Vater in Den Haag gab mir den letzten Schub. Einmal mehr war ich in meinem Leben belogen, betrogen, hintergangen, missbraucht und getäuscht worden.
Ich konnte dem Treiben von Hitler nicht mehr zusehen, es nicht mehr unterstützen.
Auf der Fahrt von Ignaz zurück auf den Flugplatz wurde es mir klar: Ich kann nicht mehr mitmachen. Es gibt nur ein definitives Aussteigen.
Nach mehr als siebzig Jahren will ich das Geheimnis lüften. An jenem 25. Oktober war ich sehr erregt. Ich war aufgewühlt. Ich tigerte in der Baracke herum. Ich schimpfte mit der Bodenmannschaft. Mir war nicht wie sonst.
Mit einer endgültigen Absicht im Kopf befahl ich den Kontrollflug einer Doppelpatrouille über die Nordsee.
Die Kameraden stierten mich an. Für gewöhnlich starteten wir eine einzige Maschine für eine solche lächerlich einfache Mission. Ich konnte es in ihren Gesichtern lesen: „Jetzt spinnt der Alte!“ „Auch gut, gehen wir zu viert.“ So gondelten wir 1500 Meter über Grund über die Nordsee.
Weit und breit kein Feind. Weder in der Luft, noch in der See. Es war die Ruhe selbst. Nur der Wind war etwas ruppig. Nach dreiviertel Stunde stellte ich den Motor von Hand ab. Die Meldung im Sprechfunk: „Mein Motor ist sauer. Probiere eine Notlandung“. Um dem Ganzen noch einen möglichst realistischen Anstrich zu geben, legte ich meine Kiste in eine Vrille und tat so, wie wenn ich mit dem Fallschirm aussteigen wollte. In Wirklichkeit sausten wir beide, meine geliebte Maschine und ich, in die See.
Stolz bin ich heute noch auf meinen Galgenhumor in meinem letzten Funkspruch: “ Verdammt kalt zum Baden, was?“

Hans
Onkel Franz, Du hattest zwei Seelen in Deiner Brust. Die eine war die des Draufgängers, der Abenteurers, des Ausbrechers, des waghalsigen Realisators. Die andere zeigt Dich als gefühlvollen Menschen, einen gewinnenden ehrlichen Freund, der zu einer gewissen Naivität neigt. Einen emotional-warmherzigen, sympathischen Menschen, der in seiner berührenden Art offen auf jedes seiner Gegenüber zugeht.
Ich werde Dich in die Ahnengalerie der Offiziere unserer Familie einreihen. Neben General de Wolff und Oberst Caspar-Ignaz von Werra. Du wirst auch dort eine gute Figur machen. Du gehörst zu uns. Es war schön mit Dir zu plaudern. Es war ein interessanter Gedankenaustausch.

Weiterführende Literatur:

Sebastian Haffner          „Von Bismarck zu Hitler“ Ein Rückblick. 1987 Kindler Verlag            GmbH München ISBN: 3-463-40003-0
Kendal Burt                       „The one that got away“ [Einer kam durch] 1956 Collins with Michael Joseph, London.
Wilfried Meichtry           „Du und ich – ewig eins“2006 Ammann Verlag & Co Zürich
ISBN: 3-250-30019-5
Wilfried Meichtry           „Die Walliser Adelsfamilie von Werra“ Bern-Leuk 2001 Doktorarbeit bei Frau Professor Beatrix Mesmer, Philosophisch-historische Fakultät der Universität Bern
Werner Schweizer         „VON WERRA“ Film auf DVD. 1 Stunde 44 Minuten. Xenix 21022
Dschoint Ventschr Filmproduktion Zürich 2002

 

 

 

 

 

 

 

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Privatsphäre

 

Zukunftsromane, Science-Fiction Stories, geben, wenn sie gut geschrieben sind, Gelegenheit zum Nachdenken. Einer der besten Autoren auf diesem Gebiet, Isaac Asimov, kam mit einer Geschichte heraus, die anregend zum Grübeln einlädt: „Die Menschheit braucht die verbale mündliche Kommunikation nicht mehr. Jedermann kann Gedanken lesen. Alle wissen von allen, was sie gerade denken.“
Stellen Sie sich vor, Sie begegnen einen Menschen an dem Sie böse Erinnerungen haben. Ihre gute Erziehung zwingt Sie zu höflichem Gespräch. Ihr Gegenüber aber kann Ihre nicht eben schmeichelhafte Gedanken lesen. Der gläserne Mensch. Die totale Transparenz. Es gibt keine Privatsphäre mehr.
In der Novelle stirbt die Menschheit aus. Niemand wird älter als 18 Jahre. Ohne geheimes Kämmerchen im Gehirn kann man nicht leben. Ein sehr logischer und konsequenter Schluss von Asimov.

Auch heute, ohne Science-Fiction, wird das Privatleben von Mensch, Familie, Politik und Wirtschaft immer weniger respektiert. Indiskretionen werden teuer gehandelt.
„Die Öffentlichkeit hat ein Recht darauf, jederzeit und über alles sofort informiert zu werden.“ Das sagen die Medien. Wahrscheinlich wohl die grösste Heuchelei des Jahrhunderts. Das Medienbusiness ist hart umkämpft. Die Konkurrenz ist riesengross. Es geht um Auflagen und Einschaltquoten. Indiskretion ist eine Kraftquelle in diesem Geschäft. Unter den Berichterstattern ist der Wettbewerbsdruck enorm hoch. Da wird schon einmal Anstand und Takt aufgegeben. Die Privatsphäre wird ohne Hemmungen verletzt. Informationslecks und Indiskretionen sind zusätzlich willkommene Geschenke. Schlechte Nachrichten und Privatgeschichten sind beliebt und werden gerne konsumiert.

Die Menschheit wird deshalb nicht aussterben. Nachteilige Spuren jedoch vertiefen sich. Was ist zu tun? Wie soll die Öffentlichkeit informiert werden? Ein Ratschlag für die Produzenten von Nachrichten: Viel Schweigen und erst dann sachlich informieren, wenn alle Fakten bekannt sind.

Ein Ratschlag auch für die Konsumenten: Dem Boulevard keine Bedeutung schenken. Informationen bei seriösen Berichterstattern beziehen. Die persönliche Neugierde zähmen.

So entstehen mit der Zeit sachlichere Berichte und eine weniger verletzte Privatsphäre.

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Sphère privée

S’ils sont bien écrits, les romans de science-fiction peuvent nous faire réfléchir. Un des meilleurs auteurs dans ce secteur, Isaac Asimov, a écrit une histoire qui incite à ruminer: „L’humanité n’a plus besoin de la communication verbale. Tout le monde sait lire les pensées des autres. Chacun sait ce que son entourage est en train de penser.“
Imaginez la rencontre avec une personne qui vous a laissé de mauvais souvenirs. Votre bonne éducation vous oblige à tenir une conversation polie. Mais votre partenaire peut lire vos pensées peu flatteuses. L’homme en verre. La transparence totale. Il n’y a plus de sphère privée.
Dans la nouvelle d’Asimov l’humanité disparait. Personne ne dépasse l’âge de 18 ans. On ne peut pas vivre sans un coin secret dans son cerveau. Une fin logique et cohérente.

Dans la réalité de nos jours, sans science-fiction, la vie privée de l’individu, la famille, en politique et économie est de moins en moins respectée. Les indiscrétions sont négociées à prix d’or.
„Le public a le droit d’être informé immédiatement de tout ce qui se passe.“ Disent les médias. Probablement la plus grosse hypocrisie de notre centenaire. La lutte est dure dans le milieu des médias. La concurrence est énorme. Il s’agit de tirages et de taux d’écoute. L’indiscrétion représente une source d’énergie dans ce commerce. La pression concurrentielle parmi les correspondants est très élevée. Il arrive donc qu’on oublie le tact et les bonnes manières. La sphère privée est violée sans scrupules. Des fuites d’information et des indiscrétions sont des cadeaux appréciés. Le public aime les mauvaises nouvelles et les histoires privées qu’il consomme volontiers.
L’humanité ne va pas en mourir. Mais les traces négatives s’approfondissent. Qu’est-ce qu’on peut faire? Comment faut-il informer le public? Un conseil pour les producteurs de nouvelles: garder souvent le silence, puis informer objectivement seulement quand tous les faits sont avérés.
Un conseil pour les consommateurs: ne pas accorder d’attention aux journaux à sensation. Se procurer les informations auprès de rapporteurs sérieux. Retenir la curiosité personnelle.

 Ainsi se créeront à long terme des informations plus objectives et une sphère privée moins exposée.

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Ressources humaines

Souvenons-nous de l’ambiance qui régnait dans les entreprises et les usines d’il y a une génération. „L’humain est le point central“. Quelle épreuve avons-nous vécu lorsque l’hymne de la „valeur pour les actionnaires“ fut entonné? „L’humain est un moyen. Point“. Le résultat: suppression de lieux de travail, licenciements et chômage.
En puisant dans mes souvenirs je constate que les points forts de la politique d’entreprise ont changé dans un rythme régulier. Ils comprenaient:  

          priorité de la production
          importance du Marketing
          modèles de conduite du personnel
          organisations nouvelles
          financial engineering. 

La Shareholder value, la valeur pour les actionnaires, souvent mal comprise, est sans doute le point qui a fait le plus de tort à l’économie et la réputation du management.
Pourtant la plupart des dirigeants d’entreprise de nos jours sont sérieux et travaillent avec détermination. Ils ne spéculent pas. Ils fournissent des prestations. Ils dirigent leur entreprise.
Ce grand nombre de capitaines d’industrie, conscients de leur responsabilité, savent ce qui compte.
Identifier un marché et développer les produits et services dont il a besoin. En faire une réussite commerciale avec une équipe cohérente. Débloquer les fonds nécessaires. Il s’agit donc de clients, collaborateurs et donateurs. Tous des humains!
Il faut donc convaincre ces personnes. Les enthousiasmer pour un but. Procurer aux collaborateurs une activité intéressante.
Il s’agit d’obtenir la confiance. Etablir des rapports de confiance et les conserver. Dans l’avenir on cherchera des chefs capables de s’occuper aussi bien des joies et des peines de leur environnement que des affaires de l’entreprise et le comportement de la bourse. Nous avons besoin de dirigeants conscients du fait que nous vivons dans des marchés. Que nous devons aborder la concurrence.  

On peut comparer l’entreprise à une table à trois pieds: le pied marché, le pied personnel et le pied finances. Le plateau de table doit être à l’horizontale. Ce n’est le cas uniquement si les trois pieds ont la même longueur. Si un des pieds est plus long, p. ex. une importance surdimensionnée accordée à la bourse, le plateau bascule et le contenu se met à glisser.
Il nous faut à nouveau des chefs à l’ancienne. Des gens qui fournissent des prestations en équipe et apportent ainsi une contribution positive à l’économie. Des humains conscients de l’importance des efforts d’autres humains. Des chefs qui savent évaluer les collaborateurs et les utiliser en fonction de leurs capacités.
Les supérieurs de ce genre existent parfaitement de nos jours. Mais leur activité est bien moins spectaculaire. Ils agissent sans cesse et dans la discrétion. Aucun journal ne les mentionne. Ces chefs sont convaincus de leurs idées et travaillent constamment et sérieusement dans le sens des objectifs fixés.
Les succès réels des entreprises sont marqués par les humains qui s’appliquent avec patience et ténacité. 

Gérer une entreprise c’est conduire des hommes.

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Menschenführung

Wie war das noch eine Generation zurück in den Firmen und Fabriken?“Der Mensch als Mittelpunkt“ Was mussten wir erleben, als das Hohelied des „Shareholders value“ angestimmt wurde? „Der Mensch als Mittel. Punkt.“
Das Ergebnis: Abbau von Arbeitsplätzen, Entlassungen und Arbeitslosigkeit.
Wenn ich die, in regelmässigem Rhythmus sich ändernde Schwerpunkte der Unternehmenspolitik die ich in meinem Leben erlebte, Revue passieren lasse:

  • Primat der Produktion
  • Bedeutung des Marketings
  • viele Führungsmodelle der Personalbetreuung
  • neue Organisationen
  • Financial Engineering

so war der oft falsch verstandene Ansatz des Shareholder value bestimmt derjenige, der der Volkswirtschaft und dem Ansehen des Managements den grössten Schaden zugefügt hat.
Trotzdem die meisten Unternehmensführer sind heute noch immer seriös und zielstrebig an der Arbeit. Sie spekulieren nicht. Sie erbringen eine Leistung. Sie führen ihre Firmen.
Diese grosse Zahl von verantwortungsbewussten Industriekapitänen wissen worauf es ankommt.
Einen Markt erkennen, und die dafür notwendigen Dienstleistungen und Produkte entwickeln. Diese mit einem kohärenten Team zum Markterfolg führen. Die dazu nötigen Finanzen bereit stellen.
Es geht somit um Kunden, Mitarbeitern und Geldgebern. Alles Menschen!
Diese Personen gilt es zu überzeugen. Sie für ein Ziel zu begeistern. Dafür zu sorgen, dass die Mitarbeiter einer sinnvollen Beschäftigung nachgehen können.
Es geht um Vertrauen. Vertrauen schaffen, Vertrauen erhalten.
In Zukunft werden Chefs gesucht sein, die sich mit den Freuden und Sorgen aller Beteiligten genau so auseinandersetzen können, wie mit den Funktionen der Firma und dem Gebaren der Börse. Wir brauchen Vorgesetzte die wissen, dass wir uns in Märkten bewegen. Dass wir uns mit der Konkurrenz auseinandersetzten müssen.

Das Unternehmen ist mit einem Tisch zu vergleichen der drei Beine hat: das Marktbein, das Personalbein und das Finanzbein. Die Tischplatte muss waagrecht stehen. Dies gelingt nur, wenn alle drei Beine gleich lang sind. Ist ein Bein länger, wird zum Beispiel der Börse ein überdimensioniertes Gewicht beigemessen, kippt die Tischplatte und der ganze Inhalt gerät ins rutschen.
Es braucht wieder Chefs vom alten Schrot und Korn. Leute die im Team Leistungen erbringen und so der Volkswirtschaft einen positiven Beitrag überlassen. Menschen die wissen, dass es ohne den Einsatz von Menschen nicht geht. Menschen die andere beurteilen können und die Mitarbeiter dort einsetzten, wo ihre Begabungen am besten zur Geltung kommen.
Heute gibt es durchaus diese Vorgesetzte. Nur ist ihr Tun weit weniger spektakulär. Sie wirken stetig und im Stillen. Kein Journal nimmt davon Notiz. Diese Chefs sind von ihrer Idee überzeugt und schaffen beharrlich und seriös den gesetzten Zielen entgegen.
Der wirkliche Unternehmenserfolg ist von Menschen geprägt die mit Geduld und Beharrlichkeit nachhaltig ans Werk gehen.

Unternehmensführung ist Menschenführung.

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Knigge version française

Qui se souvient encore de lui? Du baron Adolf von Knigge, ce noble d’Allemagne du nord, contemporain de Schiller, Goethe et Lessing? Conteur, philosophe, journaliste, pédagogue, compositeur et polémiste. La plupart de ses œuvres sont tombés dans l’oubli, à l’exception de son manuel de savoir-vivre „Au sujet des relations humaines“ („Über den Umgang mit Menschen“), qui est resté lié étroitement à son nom. Un livre qui traite des bonnes manières, de la politesse, la considération et le respect d’autrui. Parfois on souhaiterait que cet abécédaire du savoir-vivre soit relu à haute voix devant tout le monde.
Lorsque l’adulte doit rester debout dans le tramway parce que les élèves de seconde bloquent les places côté fenêtre par leurs cartables et se prélassent sur les sièges voisins.
Lorsqu’on est bousculé de droite et de gauche sur l’escalier en quittant le train.
Lorsqu’on voit une jeune femme jeter sa cigarette allumée devant l’entrée du supermarché, l’écraser au pied et disparaître dans le magasin.

Monsieur Knigge, où êtes-vous? Il ne reste que la fuite vers la voiture. Mais là-aussi on souhaiterait la présence d’un Knigge moderne. En particulier quand la voiture qui vous suit fonce à toute vitesse jusqu’aux derniers mètres ou n’actionne pas le clignotant en quittant le rond-point. Ou bloque tranquillement le passage dans le parking en attendant qu’une cliente finisse de transférer ses achats. Et forme ainsi un bouchon jusqu’à l’entrée. Il y aurait bien quatre places en amont, mais elles se trouvent plus loin de l’ascenseur. Il faudrait marcher un peu plus longtemps.
Un peu plus de considération, un peu moins d’égoïsme rendrait la cohabitation bien plus agréable.
Pourquoi ne pas tenir la porte de la poste ouverte si une autre personne s’approche?
Pourquoi ne pas laisser la priorité aux dames?
Pourquoi ne pas dire „merci“ lorsqu’on est servi?
Ce n’est pas un signe d’épanouissement personnel que de négliger les bonnes manières. Ce n’est pas non plus une restriction de la liberté personnelle si on laisse la priorité au passant.

La bienséance et les bonnes manières sont des signes d’amabilité et d’affirmation de la vie. Elles embellissent la journée et la rend rayonnante. Knigge est mort depuis plus de 200 ans. Manifestement il était obligé, déjà de ce temps-là, de rappeler à ses contemporains l’étiquette et le respect d’autrui. Les temps changent, mais le respect des bonnes manières a survécu à toutes les mutations. Dans le fond nous savons tous ce qui est de bon ton. Si nous l’appliquons, nous contribuons à l’embellissement du quotidien et créons une souveraineté naturelle.
En fait, les gens qui respectent les bonnes manières ont un avantage aussi bien en affaires que dans la vie privée.

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